Aujourd'hui, responsable acquisition chez Planet Cards, j'ai été depuis 2002 tour à tour freelance, SEO chez l'annonceur et en agence. Au hasard d'une rencontre, je me suis retrouvée à enseigner le référencement à des classes de webmasters. Cette aventure commencée en 2008, continue encore aujourd'hui. Les formations ont évolué, de nouvelles ont fait leur apparition, et ma prochaine session commence en mars. Forte de ces nombreuses années d'enseignement, voici mon retour sur l'apprentissage du SEO en France aujourd'hui...
Apprendre le SEO
Voici bien une phrase qui est pompeuse au possible ! "Apprendre le SEO", cela me parait tellement vaste qu'à moins de proposer une formation complète, on ne peut que survoler les choses. Dans mes cours, j'ai toujours formé des webmasters au référencement, ce qui signifiait que l'objectif de ce cours était (et est encore) de les sensibiliser à l'importance de faire du "Google friendly". Leur enseigner les bases, les inciter à rester à jour , et les rendre capables de discuter avec un SEO ou une agence sans avoir l'air perdu.
Il faut remettre les choses dans leur contexte. Mes élèves sont souvent en formation continue et pour certains , ils découvrent en septembre leur premier code HTML. Ils partent de loin et c'est une grande fierté pour moi quand leur tout petit site (le premier) a un Title par page, une description et un robots.txt 🙂 En 20 h de cours, j'arrive à leur donner des notions de sémantique, de code propre, de maillage interne, de netlinking externe et de suivi des KPI !
Dans une autre formation, plus orientée chef de projet, je les emmène jusqu'à réaliser un premier audit. C'est un exercice qu'ils réalisent dans la douleur, mais cela leur permet de toucher du doigt le référencement dans son ensemble et surtout de leur donner des notions appuyées pour lire un audit, le qualifier et travailler sereinement avec des prestataires.
Depuis 2008, les choses ont évolué. Les premières années, le référencement étaient une matière très secondaire, mais cela déclenchait une vraie curiosité. Les cours étaient très interactifs et les élèves comprenaient bien le côté obscur de Google, et cette petite pointe de magie parfois noire, qui peut de temps à autres auréoler notre métier.
Depuis 3 ou 4 ans, les élèves "connaissent " le référencement et attendent des cours très scolaires : "petit 1", le title /
"petit 2", la description, etc.
Et si vous expliquez qu'un title c'est environ 65 caractères , le "environ" a une fâcheuse tendance à les agacer. Bien sûr, j'explique, je montre, je remontre, je donne des exemples… mais je sens bien que cette matière est devenue une discipline parmi les autres. Elle a perdu son côté "magique".
Semi-Autodictate
Il est évident que pour apprécier ce petit côté magique, il va falloir que les élèves donnent un peu d'eux-mêmes. Je suis aujourd'hui persuadée qu'on ne peut pas "apprendre le référencement" au travers des mots d'une prof ou de la lecture d'un livre.
Il FAUT en passer par l’étape apprendre par soi-même ! Nous devrions tous être des autodictates. Bien sûr, il est beaucoup plus facile aujourd'hui de se faire instruire en référencement. Pourtant, nos meilleures expériences et notre savoir-faire, nous l'avons acquis en "faisant" du référencement.
Il faut mettre les mains dans le cambouis, il faut toucher au code, il faut aller jouer avec Google. Toute mon expérience et mon vécu de réferenceuse ne sera jamais aussi instructif que de "ranker" suite à son travail. Alors en tant que prof, je ne peux que leur montrer la voie, et espérer qu'ils aillent se jeter dans le grand bain.
Quelles formations ?
Une fois expliquée ma façon de voir l'apprentissage du référencement, ma vision des formations se résume de façon grossière à des petites roues vissées aux vélos.
Je ne vais pas rentrer dans le détail des cours, ni dans une critique plus ou moins documentée sur des formations diverses et variées. En fonction du cursus, l’apprentissage prendra un tour plus technique ou plus tourné vers l'acquisition ou les KPI. Il est évident que dans certaines formations de bachelor ou de master, la spécialisation e-commerce qui contient 3 h de référencement naturel me fait toujours sourire. Mais dans d'autres, vous aurez la chance d'avoir des consultants de haut-vol qui en une vingtaine d'heures, vous donneront les bases nécessaires pour vous lancer.
Le bon sens et le ressenti
Une chose que j'essaye de leur transmettre, c'est le bon sens. Ne pas focaliser sur la technique mais plutôt sur concevoir un site "intelligent". Faire en sorte que l'internaute se sente bien sur le site ! Google ne devrait que s'en réjouir. Oh oui, je sais bien que si les filtres sont mal paramétrés, cela va donner du duplicate content dans tous les sens… Mais si le bon sens s'en mêle, la liste des filtres a de grandes chances de retrouver une taille raisonnable.
Le bon sens va aussi leur permettre de "comprendre" que des pages sont trop similaires et qu'elles n'apportent rien.
Le bon sens leur soufflera aussi de faire en sorte que le numéro de téléphone soit cliquable depuis un mobile et que cela permette d'appeler directement … ils trouveront le bon bout de code ! J'en suis sûre !
En plus du bon sens, j'essaye de leur faire rencontrer Google, de les faire toucher des doigts ce drôle de bonhomme qui vient visiter nos sites et qui retient des infos. Ressentir la SERP, c'est ce que nous faisons tous les jours. Comme un océan, la serp est toujours en mouvement, et je fais de mon mieux pour qu'ils le ressentent. Quand ils y parviennent, ils voient les changements, ils apprennent à observer et à tester pour avoir le même affichage enrichi.
Il faut qu'ils "ressentent" Google et il faut le connaitre. Sans cette compréhension, on n’intègre pas cette boulimie de découvrir des URL, on ne comprend pas cette aversion pour le contenu dupliqué, on n'appréhende pas les changements.
Le premier cours que je fais avec eux, c'est de fouiner dans Google, de devenir des vrais chercheurs. Ce premier cours est une galère sans nom. Je leur apprends à se servir d'un outil qu'ils utilisent tous les jours. Et pourtant à la fin de l'année, ils avouent que finalement ce cours-là était peut-être le plus important.
En quelques mots, j'ai résumé ma façon de "voir" l'apprentissage du référencement. Finalement ce que j'ai envie de retenir de ces années d'enseignement, ce sont de merveilleuses rencontres ! Des gens volontaires qui m'auront marquée par leur envie de réussir. Et tous ces "petits"webmasters qui ont mal tourné et qui sont devenus des référenceurs. Paul, Nathalie, Aurélie, et tous les autres, c'est pour vous ! 🙂
Sandrine Bertrand, responsable acquisition chez Planet Cards (https://www.planet-cards.com/).