Les fils RSS s'avèrent être, au quotidien, des compagnons essentiels à toute démarche de veille, pour rester au courant de l'actualité d'un domaine, d'une thématique. Il est cependant indispensable, pour les utiliser de façon efficiente, d'utiliser un outil d'agrégation bien fait. Google Reader ayant disparu il y a plusieurs années, voici 5 outils qui vous rendront la vie facile dans votre veille quotidienne...
Depuis que Google a annoncé en mai dernier qu’il allait intégrer un agrégateur de flux RSS dans Chrome, la planète web semble redécouvrir leur intérêt voire leur existence. Ce n’est pourtant pas faute d’être indispensables pour mettre en place une veille à peu de frais et en limitant le tracking de la part des grandes plateformes (GAFAM, BATX,…). Après avoir supprimé Google Reader en 2013, Google pensait probablement que cette technologie allait disparaître d’elle-même, d’autant que les années suivantes, Facebook et Linkedin abandonnaient eux aussi les derniers flux encore disponibles sur leurs plateformes. C’était sans compter sans plusieurs startups et développeurs indépendants qui décidèrent alors de lancer des alternatives comme Inoreader, The Old Reader ou encore Newsblur.
En attendant le nouveau Googler Reader, nous vous proposons donc d’examiner les solutions disponibles les plus intéressantes. Nous avons fait le choix de sélectionner essentiellement des services en ligne, plus souples d’utilisation que les logiciels et ne demandant pas de négociation avec les services informatiques pour être utilisés dans un cadre professionnel.
Ce premier article comparatif prendra donc en compte cinq services.
Feedly (https://feedly.com)
Feedly a été lancé en 2008 en tant que « surcouche » permettant d’améliorer l’interface graphique de Google Reader. Après la suppression de celui-ci il s’est transformé en véritable agrégateur de flux RSS et est devenu le plus populaire d’entre eux.
L’interface de Feedly est très agréable à utiliser et offre une expérience fluide. L’ajout de nouveaux flux est possible via un bouton « + » toujours visible sur le côté gauche de la page. La fenêtre qui apparaît alors permet d’ajouter un flux collecté mais aussi d’en rechercher d’autres dans le très large annuaire proposé par le service.
Page d'accueil Feedly pour un flux RSS
Parmi les fonctionnalités intéressantes, notons la possibilité de créer des « boards », c’est-à-dire des groupes partagés avec d’autres veilleurs ou encore publics, permettant ainsi de mettre en place un espace de veille ou de curation collaborative. Il s’agit en fait d’un système de tagging qui permet de classer un même article dans plusieurs dossiers (boards).
Un autre ensemble de fonctionnalités intéressant permet de « pousser » un article vers de nombreux services d’organisation personnelle (Evernote, Onenote), de lecture différée (Pocket), de stockage en cloud (Dropbox), de planification de diffusion vers les réseaux sociaux (Buffer, IFTTT, Zapier et Hootsuite).
Boutons de rediffusion/partage/stockage d'un article
La version Pro+ permet de surveiller des comptes et requêtes Twitter, de créer des alertes Google et de s’abonner à des newsletters, ce qui permet de centraliser au maximum les sources de sa veille en un seul endroit .
Enfin, Feedly a intégré depuis mai 2019 un ensemble de fonctionnalités innovantes avec son assistant de recherche Leo qui permet par exemple de créer des filtres par mots-clés sur des flux ou des dossiers de flux, mais aussi d’utiliser le machine learning pour dédoublonner des articles, générer des résumés ou encore suivre des entités nommées (noms d’entreprises, personnes, produits) ou des « smart topics » (intelligence artificielle, blockchain,…).
Une valeur sûre donc et une société qui n’oublie pas d’innover.
The Old Reader (https://theoldreader.com)
The Old Reader est un service qui a été lancé en gratuitement en 2012 puis racheté par une société américaine en août 2013 afin d’en faire une alternative à Google Reader.
Interface d'accueil de The Old Reader
Hormis une interface en français, on ne peut pas dire qu’il se distingue par ses fonctionnalités. Pas de possibilité de tagger des articles, peu d’intégration avec des services tiers, une interface désuète et des modes de visualisation peu adaptés à un usage avancé. Si on veut lui trouver un point positif, on évoquera la fonctionnalité permettant de créer un profil public et d’y partager des articles qui donne ainsi la possibilité de faire un peu de curation.
Feedspot (https://www.feedspot.com)
Feedspot est un service américain, concurrent direct de Feedly, qui propose régulièrement de nouvelle fonctionnalités.
Page d'accueil d'un flux dans Feedspot
On y trouvera la possibilité, dans les versions payantes, de :
- Tagger des articles afin de les classer dans des dossiers (Pinboards) ;
- Publier vers de nombreux services tiers (Twitter, Facebook, Pinterest, Evernote, WordPress,…) ;
- Programmer des publications d’articles vers les médias sociaux (fonction schedule) ;
- Recevoir des alertes par email lorsqu’un flux se met à jour ;
- Créer des requêtes enregistrées ;
- Mixer des flux RSS pour mieux les exploiter ;
- Générer un flux RSS sortant par dossiers (gratuit) ou par pinboards (payant) ;
- Créer et diffuser des newsletters à partir d’une sélection d’articles ;
- Suivre des mots-clés dans l’actualité (brand monitoring).
L’interface de consultation est agréable, mais moins que celle de Feedly et propose trois modes d’affichage pour chaque flux. Il n’est pas possible en revanche d’appliquer ces modes au niveau d’un dossier. Par ailleurs, le moteur de recherche est puissant en version payante, mais semble inactif en version gratuite.
Un service qui ne trouve donc son réel intérêt qu’en version payante.
FreshRSS (https://demo.freshrss.org/i/)
FreshRSS est un agrégateur open source lancé en 2018 que l’on peut déployer sur serveur. La version que nous avons testée est proposée sur le site de présentation du logiciel. On peut également le retrouver sur la plateforme de services open source Zaclys (https://www.zaclys.com/flux/).
Les fonctionnalités de base sont simples et faciles à prendre en main :
- Création de dossiers ;
- Ajout de tags (label) aux articles afin de les classer ;
- Moteur de recherche.
Page d'accueil du dossier "Labels" dans FreshRSS
Une fonctionnalité avancée a attiré notre attention : il s’agit de la possibilité de créer des requêtes grâce au moteur de recherche (opérateurs booléens, dates,…) puis de les enregistrer pour les relancer à l’identique. Bien sûr, cela existe sur d’autres agrégateurs, mais le plus souvent en version payante. Autre fonctionnalité intéressante : FreshRSS offre la possibilité de récupérer un flux RSS sortant à partir de n’importe quel dossier de flux, label ou requête. L’intérêt est par exemple d’envoyer des articles sélectionnés vers un dossier en les taggant puis de les récupérer sous forme de flux afin de les rediffuser (sur un intranet, un blog un espace de curation, une newsletter,…). La fonctionnalité semblait inactive sur la version de test mais l’idée est intéressante et nous avons vu que Feedspot proposait quelque chose de similaire en version payante.
FreshRSS dispose par ailleurs d’une interface claire et facile à utiliser, ce qui le place ici devant son concurrent direct, The Old Reader. Il ne joue pas encore tout à fait dans la même cour que les trois autres mais, pourrait y parvenir rapidement s’il continue a se développer ainsi. Il sera d’autant plus intéressant qu’il peut être téléchargé gratuitement.
Netvibes (https://www.netvibes.com)
Netvibes fait figure d’ancêtre dans cette liste, puisqu’il a été lancé en 2005 par les français Tariq Krim et Florent Frémont, puis racheté en 2012 par Dassault Systèmes.
Avant d’être un agrégateur, Netvibes se veut avant tout être un portail personnalisable à partir duquel un utilisateur pourra, via des modules, accéder à ses emails, son compte Facebook, ses favoris, la météo, des cours de bourse,…
L’une des fonctionnalités l’ayant rendu populaire, notamment auprès des professionnels de l’information, est la possibilité de créer des portails publics sur lesquels on peut regrouper des flux RSS par onglets thématiques afin de présenter ses sources de veille à un public.
Le service a bien évolué et propose gratuitement des fonctionnalités habituellement payantes comme la surveillance de mots-clés dans Twitter, Google actu et Bing actu. Il est possible également de rediffuser un article vers Facebook ou Twitter et de le sauvegarder en favori. Il n’est malheureusement pas possible de le tagger ou de le classer dans un dossier thématique.
L’ergonomie reste un point fort de Netvibes et il est possible de choisir entre deux modes d’affichage : Apps, très adapté à la mise en place d’un dashboard personnel incluant flux RSS et applications de productivité personnelle (une cinquantaine sont proposées) ou Lecteur, totalement centré sur la veille par flux RSS.
Vue d'un dossier de flux en mode "Lecteur" dans Netvibes
Depuis 2015, Netvibes a lancé une fonctionnalité intéressante baptisée « Potions » qui permet, à l’instar d’un Zapier ou d’un IFTTT, d’automatiser après traitements (tri, filtrage par mots-clés) la publication de contenus provenant d’une trentaine de sources (RSS, email, objets connectés, Youtube,…) vers de nombreux services ou outils (Google Drive, Dropbox, email, Slack, Twitter,…).
Malgré ces atouts il reste difficile de passer outre certaines lacunes assez incompréhensibles, comme le manque d’un moteur de recherche (réservé à la version Premium) ou la nécessité de disposer du lecteur Flash (disparu définitivement en 2020) pour lire les vidéos d’une chaîne Youtube.
Conclusion
Dans ce premier comparatif, c’est Feedly qui sort du lot, suivi de Netvibes et de Feedspot, mais comme toujours avec les comparatifs, ce sont les contextes d’usage et les besoins des utilisateurs qui compteront.
Ainsi, si vous avez spécifiquement besoin de surveiller des requêtes dans Twitter, Google actu… et de les filtrer par mots-clés, Netvibes est le seul à proposer cela gratuitement. Si par ailleurs vous souhaitez exploiter « en masse » des flux RSS à l’aide de requêtes enregistrées pour un coût modique (voir gratuitement si vous disposez de votre propre serveur), alors FreshRSS est un bon choix.
Mais attendons le prochain article pour disposer d’une vision plus large. Nous y comparerons d'autres agrégateurs en ligne et au moins un en local.
Solution | Moteur de recherche | Intégration de médias sociaux (Twitter,…) d’alertes par mots-clés (Google) | Publication vers réseaux sociaux | Ergonomie | Filtrage des résultats par mots-clés | Divers |
Feedly
De 72$ à 144$/an Version Entreprise (tarif non disponible)
|
++
Requêtes enregistrées et utilisation de l’IA (Leo) payantes |
++ Payant |
+++
Gratuit pour certains et payant pour d’autres |
+++ | ++ Payant Sous forme de requêtes enregistrées |
Machine learning à plusieurs niveaux en version payante.
Pas de version multilingueVersion Android et iOS |
The Old Reader
5 options payantes possibles |
+ | Non
|
+
Twitter et Facebook |
+ | Non | Profil public permettant la curation de contenus.
Pas d’applis mobile |
Feedspot
de 36$ à 57$ /an |
++
Payant - Gratuit |
Non | +++
Payant |
++ | ++
Payant. |
Intégration poussée avec des services tiers (réseaux sociaux, organisation personnelle, stockage).
Version Android |
FreshRSS
A déployer sur serveur. |
++
|
Non | + Twitter, Facebook, Pinterest |
++ | ++
Possibilité d’enregistrer des requêtes |
Une alternative open source intéressante dotée de fonctionnalités assez avancées.
Pas d’applis mobile |
Netvibes
Version Premium sur devis |
Uniquement en version payante (sur devis) | ++ Gratuit |
+ Twitter et Facebook |
+++ | ++ Gratuit via les potions (flux par flux) |
Intéressantes fonctionnalités d’automatisation via les « Potions ». Version iOS |
Christophe Deschamps, Consultant-formateur : veille stratégique, intelligence économique, social KM, e-réputation, mindmapping, IST (http://www.outilsfroids.net/)