Toutes les réponses sont-elles dans la SERP ? Peut-être pas, mais on y trouve beaucoup d'informations... La plupart du temps, il est facile d’identifier le type de contenu à positionner en analysant une page de résultat de Google… Mais des exceptions font débat. Cet article explore les cas de figure les plus fréquemment rencontrés par les référenceurs et propose des exemples pour mieux comprendre l'analyse de certaines SERP.

L’analyse de la SERP : indispensable pour définir sa stratégie SEO

L’enjeu du SEO par intention de recherche est simple : proposer une page qui répond le mieux possible à l’intention de l’internaute qui effectue une recherche. Pour ce faire, une règle de base : toutes les réponses sont dans la SERP. Ainsi, ce sont les pages positionnées qui donnent la réponse sur ce qu’attend Google.

Ne pas oublier : il existe une différence entre ce que veut l’internaute et ce que comprend Google. Pour se positionner, il vaut mieux se concentrer sur ce qu’attend Google. Pour vendre, il vaut mieux se baser sur ce qu’attend l’internaute. L’équilibre est donc à trouver entre les attentes de Google et votre besoin de faire convertir l’internaute.

Analyser la SERP permet de :

  • Evaluer votre capacité à vous positionner (concurrence, business model*).
  • Choisir le bon template de page (produit, listing, article, guide, page d’accueil…).
  • Trouver la bonne sémantique (termes discriminants, entités, topics…).

* On entend par « business model », l’interaction proposée sur les pages (réserver, acheter, souscrire, télécharger un document, lire, visionner, comparer, etc.)

Exemple avec la SERP “stage de pilotage le mans” (320 rech./mois)

(Lien vers la SERP)

Les fonctionnalités de Google sur la SERP sont les suivantes :

  • Google Ads de réservation de dates de stage sur circuit ;
  • Google Shopping de box à acheter en ligne type smartbox ;
  • Bloc local des circuits automobiles au Mans.

 

La sémantique de la SERP :

  • PAA « Quoi ? » (quel âge, quelle voiture) et « Comment ? » (comment faire, comment choisir) ;
  • Recherches associées avec du prix, des types de véhicules, marques de voitures.

 

Les pages positionnées :

  • Résultat 1 : page produit avec réservation d’un stage ;
  • Résultat 2 : page d’accueil avec présentation des types de stages ;
  • Résultat 3 : page produit avec choix d’un véhicule ;
  • Résultat 4 : home avec présentation des types de stages et des circuits ;
  • Résultat 5 : listing avec types de stages.
  • Etc.

 

Pour se positionner, il faut donc :

  1. Une page commerciale (quelle qu’elle soit, visiblement le template n’est pas discriminant),
  2. Proposant de réserver un stage (achat en ligne, calendrier de dates, différents choix de stages),
  3. Avec un texte descriptif (type de stage, conditions d’organisation, type de véhicule…).

Mais il faut également…

Des liens ! Cet article n’est pas destiné à traiter la question de la popularité, mais impossible d’éluder le sujet. Certains OVNI de SERP sont d’ailleurs à 99% explicables par leur popularité. Pensez toujours à analyser le profil de liens des concurrents en plus de la SERP, il peut biaiser votre analyse.

Deux ressources pour faciliter le choix de la page

Outil n°1 : la checklist de la SERP

La SERP d’un mot-clé doit s’explorer de A à Z pour ne passer à côté d’aucun signal. Pour cela, la checklist de l’intention de recherche pourra vous être utile : 16 points de contrôle permettant de valider le choix du template, choisir son discours, intégrer des champs lexicaux, trouver des idées de pages filles à créer, etc.

Outil n°2 : 25 exemples de templates

Ce Google Sheet de 25 exemples de templates associe intention de l'internaute, template pressenti et exemple de page. C’est un bon point de départ pour s’inspirer.

Adresser une seule des différentes intentions d’un même mot-clé

Les requêtes “multi-intentionnelles” sont très fréquentes : il s’agit de requêtes génériques, plus ou moins concurrentielles, dont on perçoit au moins deux intentions de recherche. Par exemple : [affacturage pme], [logement temporaire], [assurance loyer impayé], [déménagement], [surf], [toit tuile]. Ces requêtes sont néanmoins peu traitées dans les Quality Raters Guidelines. Seul ce court paragraphe évoque un concept intéressant d’intention “primaire” :

"Many queries have more than one likely user intent. Please use your judgment when trying to decide if one intent is more likely than another intent."

A ce titre, la stratégie est de n’adresser que l’intention primaire du mot-clé. Dans ce cas de figure, on analysera la SERP pour, à la fois, identifier l’intention primaire que notre site web est en capacité d’adresser (sinon pas de conversions et donc aucun intérêt) et définir sa stratégie selon la méthodologie présentée ci-dessus.

Attention, il suffit d’un nouvel arrivant qui adresse toutes les intentions pour qu’il devienne la norme et change entièrement la SERP. Vous perdrez en pertinence et donc en ranking !

Adresser deux intentions de recherche via les résultats indentés

Une des stratégies pour les requêtes multi-intentionnelles, est de traiter plusieurs intentions de recherche avec plusieurs pages. Elle fonctionne si la SERP est variée et que les intentions de recherches sont radicalement différentes. Dans ce cas, on peut s’attendre à un résultat indenté comme dans les exemples ci-dessous (eh oui, vous ne pensiez quand même pas réussir à “squatter” toute une SERP avec un même domaine…).

Note : on adresse ici seulement deux intentions car il semble que les résultats indentés ne fonctionnent que par 2 sauf sur les requêtes de marque.

Exemple n° 1 : les SERP indentées sans le savoir

Résultat pour le site affacturage.fr sur la requête “affacturage pme”

Dans cet exemple, positionnés sur [affacturage pme] (170 rech./mois), on trouve :

  • Le premier résultat qui s’adresse aux internautes qui souhaitent comprendre (intention informationnelle) les particularités de l’affacturage pour les PME. La page aborde le fonctionnement de l’affacturage pour les PME.
  • Le deuxième résultat qui s’adresse aux internautes qui souhaitent souscrire (intention transactionnelle) à une offre d’affacturage pour leur PME et la page propose ainsi les solutions pour chaque type de PME.

Cet exemple démontre que pour une même requête, on peut avoir deux intentions de recherche tellement différentes qu’elles méritent deux pages distinctes. L’intention passe avant la thématique.

Exemple n°2 : la granularité par intention dès l'arborescence

Le site ooreka.fr illustre très bien la stratégie de prise en compte de l’intention : le sous-domaine toiture.ooreka.fr se positionne sur 2 212 mots-clés en Top 10 (source : Semrush) dont 82 mots-clés avec un double positionnement (deux pages différentes sur un même mot-clé). On peut citer [dtu couverture] (2ème et 3ème) ou encore [avant toit maison] (4ème et 5ème).

Il est remarquable de constater que ce résultat indenté, qui a la réputation d’être peu stable, semble tenir dans la durée (apparition en septembre 2021) :

Positionnement pour la requête [dtu couverture] (210 rech./mois) du site ooreka.fr - source Semrush

On passe désormais d’une stratégie « 1 page = 1 thématique » à « 1 page = 1 intention ». Les bénéfices d’une telle stratégie sont :

  • Deux pages positionnées au lieu d’une ;
  • Maillage interne renforcé ;
  • Potentiel de conversion plus élevé.

Note : combien de temps va durer l’affichage indenté ? Seul Google le sait. Capitaliser uniquement sur les résultats indentés pour construire sa stratégie SEO semble inconsidéré.

Exemple n°3 : la stratégie page e-commerce + contenu « conseil »

Lorsque la requête est à la fois transactionnelle et informationnelle, on peut également espérer un résultat indenté. Il regroupera une page type « conseil » et une fiche produit (ou page listing), comme pour ce résultat de la Roche Posay sur la requête [cicaplast acné] (90 rech./mois) :

Résultat du site laroche-posay.fr sur la requête [cicaplast acné]

 

Cet exemple reflète une double stratégie SEO : le conseil et la vente. Tout porte à croire que même si le taux de conversion sera différent d’une page à l’autre, adresser un même mot-clé avec une page e-commerce et une page éditoriale peut être une stratégie gagnante pour les ventes.

Attention, Google positionne rarement (jamais ?) deux résultats non indentés d’un même domaine. Travailler un autre domaine peut permettre de contourner cela (laroche-posay.me se positionne d’ailleurs en plus de laroche-posay.fr sur quelques SERP, même si c’est probablement involontaire).

Adresser deux intentions avec une même page en e-commerce

Contrairement à l’exemple précédent où nous avions deux résultats dont un indenté, il est possible de se positionner (et convertir !) avec une seule page e-commerce dite « hybride ». C’est l’équivalent d’une page commerciale sur un site de leads.

Une page hybride répond à deux intentions : informationnelle et transactionnelle. En d’autres termes : elle explique et elle vend. Parfois source de confusion pour Google, elle s’avère très efficace pour se positionner si l’intention informationnelle est l’intention primaire. A l’inverse, si l’intention primaire est transactionnelle, alors on préférera un template listing, fiche produit ou page commerciale.

Revenons au concept d’intention « primaire » avec un exemple : [bave d'escargot ride] (de rien pour l’exemple). Ici, la SERP est constituée à 70% de contenus éditoriaux (conseil) et à 30% de sites e-commerce (Amazon et Cdiscount qui se positionnent grâce à leur popularité et un site e-commerce de niche). L’intention perçue par Google est plus informationnelle que transactionnelle. Cela signifie qu’une page hybride aurait toutes les chances de fonctionner auprès de l’internaute : côté sémantique, elle lui explique ; côté conversion, elle lui pousse du produit.

Deux exemples de pages hybride qui mêlent explications et push produit :

Si votre site se positionne sur des requêtes produit avec des articles de blog, guides longs, FAQ ou tout autre page éditoriale, alors la page hybride est la bonne option pour mieux convertir !

En complément : en 2016, Kevin Jourdan parlait déjà d’intention commerciale et a produit un article listant les termes reflétant l’intention de convertir. Cet article est toujours d’actualité plusieurs années plus tard !

Choisir entre page listing et page produit

Préférer la fiche produit à la page listing pour les petits catalogues e-commerce

La question principale est la suivante : vaut-il mieux positionner la page listing avec 2 ou 3 produits ou alors directement la fiche produit ? Etant donné qu’il y a débat, voici plutôt les avantages et inconvénients à choisir une fiche produit pour se positionner :

Les avantages de positionner une fiche produit :

  • Permet de proposer une page plus solide en termes d’éditorial ;
  • Evite la cannibalisation entre fiche produit et page listing pauvre ;
  • Favorise la conversion si la fiche produit est très complète.

 

Les inconvénients à positionner une fiche produit :

  • Besoin de beaucoup de backlinks pour viser une requête très générique ;
  • Nécessite de travailler le maillage interne avec beaucoup de précision ;
  • Résultat frustrant pour un internaute en phase de prise d’information ;
  • Difficile de se positionner si la SERP ne présente que des pages listing avec beaucoup de produits.

Un exemple singulier est celui de Tediber (marque de matelas avec peu de références produit) : la page listing présente 5 produits : https://www.tediber.com/literie/matelas. Elle est totalement ignorée dans la stratégie SEO (liens obfusqués, noindex…) au profit d’une fiche produit principale https://www.tediber.com/matelas qui se positionne sur 415 mots-clés (source : Semrush - septembre 2022). Avec une (très) grosse stratégie de backlinks, un travail éditorial et UX, la fiche produit est première sur “matelas”.

Préférer la page listing dans le cas d’une SERP très concurrentielle

Peu de débat sur ce point : lorsqu’une page listing et une fiche produit sont toutes les deux pertinentes sur un mot-clé, la page listing reste à prioriser. Pourquoi ? Car elle est, par nature, plus puissante qu’une fiche produit (même s’il existe des exceptions, comme pour toute règle).

Les avantages de positionner une page listing :

  • Structurellement plus puissante grâce au maillage interne ;
  • Plus pertinente qu’une fiche produit sur les requêtes les plus génériques ;
  • Offre une meilleure expérience [perçue par Google] pour un internaute en phase de prise d’information.

 

Les inconvénients à positionner une page listing :

  • Google « semble » ne pas trop apprécier les pages listing avec peu de produits ;
  • La page listing peut se retrouver avec aucun produit en cas de changement de catalogue ;
  • Le travail éditorial sur les pages listing est plus délicat que sur une fiche produit.

 

Positionner produit et listing grâce aux résultats indentés en e-commerce

Dans l’exemple ci-dessous, laroche-posay.fr se positionne avec un résultat indenté fiche produit + page listing sur “cicaplast lèvres” (170 rech./mois) :

Résultat du site laroche-posay.fr sur la requête [cicaplast lèvres]

 

Probablement involontaire, mais ce positionnement tient depuis 4 mois (juin 2022 - septembre 2022).

Voici un autre exemple ci-dessous, le site se positionne (involontairement) sur [stage pilotage porsche le mans] avec deux pages e-commerce :

  1. une page listing qui permet d’acheter un stage de pilotage au mans et de choisir parmi les voitures disponibles dont les Porsche,
  2. une page produit qui permet d’acheter un stage de pilotage au Mans avec la Porsche 991.

Résultat du site motorsport-academy.fr sur la requête [stage pilotage porsche le mans]

 

Ces résultats témoignent à la fois d’une potentielle cannibalisation et d’une complémentarité entre les deux pages. Il est probable que Google teste des affichages pour n’en retenir qu’un au final mais, en attendant, les places sont prises sur la SERP !

En conclusion, ça dépend ?

Non, il existe clairement plusieurs stratégies possibles à tester mais le choix repose principalement sur l’état de la SERP. Pour résumer :

  • Choisir un template similaire à ceux déjà positionnés est une valeur sûre.
  • Par défaut, préférer la page la plus populaire pour vous positionner sur un mot-clé concurrentiel.
  • Le template n’est pas le seul élément à aligner sur l’intention de recherche, la sémantique l’est également.

Il est toujours bon de se rappeler que Google est dans le business de la pertinence. Plus vous offrirez une expérience de recherche satisfaisante, plus vous serez visible. Parler à ses prospects et clients reste une bonne approche pour améliorer sa compréhension de leurs besoins.

Enfin, et pour aller plus loin, la conférence de Sylvain Peyronnet de 2020 où il explique comment un moteur de recherche peut « comprendre » une intention de recherche est une bonne base pour mieux appréhender le concept (slides cropées dans la vidéo, désolée) : https://www.youtube.com/watch?v=3fFfav8REjU