La société Amoweba (http://www.amoweba.com/) a dernièrement lancé une nouvelle version du logiciel Human-Links (http://www.human- links.com/), système de recherche d'informations basé sur le concept du peer to peer (P2P), prenant en compte les premières remarques des beta- testeurs. Les premiers retours ont été plutôt bons mais, comme pour tout lancement d'une version bêta, les premiers connectés se sont confrontés aux épreuves de l'installation et aux bugs de la solution. Plusieurs dizaines de milliers de pages ont cependant été recensées, les premières requêtes circulent et les contacts se nouent. Une bonne occasion pour faire un point avec Olivier Nérot, l'un des créateurs du système, en lui posant quelques questions...
- Monsieur Olivier Nérot, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
J'ai 32 ans. Je suis ingénieur, docteur en sciences cognitives et passionné depuis longtemps par la façon dont la vie s'organise et fonctionne, et la frontière entre le naturel et l'artificiel. J'ai étudié dans ma thèse les liens entre le chaos, les réseaux neuronaux et la mémoire humaine. Je souhaite pouvoir appliquer ces théories à des problèmes concrets, et adopter un nouveau point de vue : celui de programmes qui apprennent, qui s'organisent, et permettent d'imaginer une nouvelle façon de traiter l'information. Bref, tout un programme... 😉
A part cela, je peins, sculpte, répare une maison, et essaie d'écrire un livre. Mais je manque un peu de temps en ce moment...
- Pourriez-vous présenter le projet Human Links ?
Human Links (HL) est né d'une utopie : faire qu'Internet s'organise de la même façon qu'il s'est construit. Comme le langage HTML a permis à chacun d'ajouter des pages, nous cherchons à ce que chacun puisse participer à l'organisation de cette masse d'information. Il est trop rageant de voir à quel point, face à l'un des plus fabuleux moyens de communication, nous sommes seuls derrière un écran, à effectuer toujours les mêmes tâches.
J'ai donc essayé d'imaginer un système où chaque recherche organise un peu plus les information d'Internet, en conservant le point de vue de chacun. Il me semble en effet impossible d'organiser l'information de la même façon pour tous. Il fallait donc concevoir une nouvelle approche qui permette à chacun de trier les données selon son propre point de vue, et rendre l'organisation de chacun accessible à tous. Ceci, dans le respect de la vie privée de chacun.
Cette réflexion a mené au concept de Human Links : un logiciel, installé sur chaque ordinateur, qui apprend à organiser l'information pour son utilisateur, et permet de faire diffuser des requêtes "enrichies" (c'est-à-dire contenant un contexte, et pas uniquement des mots-clés), afin de réutiliser la façon dont les autres ont organisés leurs documents. Ainsi, chacun a accès au savoir de tous, mais sans avoir à espionner les documents des autres, juste en utilisant la façon dont ils les ont organisés.
Aujourd'hui, nous voulons porter HL au sein de l'entreprise. En effet, si les entreprises ont à disposition aujourd'hui des outils logiciels pour bien gérer leur information "structurée", elles n'ont pas d'outils logiciels pour maitriser, à un instant donné, quels sont les domaines sur lesquels les équipes travaillent, ni pour gérer l'evolution de cette connaissance dans l'entreprise. Aucune information dite circulante n'est prise en compte dans les systèmes centralisés de Knowledge Management. Or, notre approche correspond à un besoin : il arrive souvent que deux personnes travaillent sans le savoir à la même choses, qu'une personne refasse un travail déjà fait, qu'il existe des compétences mal révélées, etc.
Au sein d'une même entreprise, HL permet donc d'organiser automatiquement toute l'information traitée à un instant donné, sans ressource informatique supplémentaire, et devient ainsi complémentaire d'un intranet. De plus, l'intégration en entreprise est simplifiée. En effet, la collaboration est plus "naturelle", et fonctionnant en intranet, nous ne sommes plus confrontés aux problématiques de firewalls.
- Quels ont été les principaux enseignements de la première période de test du produit ? Combien avez-vous de béta-testeurs à l'heure actuelle ? Avez-vous atteint vos objectifs ?
Plusieurs enseignements : l'approche séduit mais surprend et change beaucoup les habitudes des gens. Les personnes ont dans l'ensemble pris l'habitude de recherches "jetables", et le "nombre de pages indexées" est souvent un critère de qualité... nous nous sommes habitués à perdre du temps à chercher, à chercher plusieurs fois la même information, et à débroussailler nous même les milliers de pages trouvées, sans conserver la moindre trace des recherches effectuées (les favoris sont tellement difficiles à organiser...).
Fichier PDF téléchargeable ici (la lettre Réacteur n'était à cette époque-là disponible que sous cette forme).