Une interview de Craig Silverstein, Directeur de la technologies de Google, que nous avons rencontré dernièrement à Paris. Thème de l'entretien : "à quoi ressemblera Google d'ici quelques années ?"
Craig Silverstein, "Director of Technology" de Google (http://www.google.fr/press/management.html#craig) était à Paris fin mars. Craig est l'un des pionniers de Google (il a été l'un des premiers employés embauchés par les deux co-fondateurs, Sergey Brin et Larry Page) et connait parfaitement tous les méandres du moteur de recherche. Nous l'avons rencontré durant une heure et demi. Une bonne occasion pour parler avec lui de Google, de l'avenir des moteurs et de la recherche d'information sur le Web en général.
- Craig, merci d'avoir accepté de répondre à nos questions. Tout d'abord, parlons d'avenir et des grandes voies de réflexion pour améliorer la pertinence des moteurs dans les années à venir. Commençons, peut-être, par la régionalisation, puisque Google vient de sortir le site Google Local (http://local.google.com/)...
Oui, en fait, le site Google Local constitue la deuxième étape de notre processus de localisation des recherches. La première étape, débutée depuis de nombreuses années, a été de créer des sites régionaux, pour de nombreux pays à travers le monde, comme Google France par exemple. Nous croyons beaucoup à ce système de régionalisation. Nous allons maintenant observer et analyser comment les internautes utilisent Google Local, déployer ce type de site dans d'autres pays, pour prendre ensuite des décisions sur la troisième étape du processus que nous ne connaissons pas encore. Nous travaillons beaucoup sur ce point.
- Qu'en est-il de la contextualisation ? Par exemple, le fait d'effectuer des recherches non pas sur la totalité de l'index de Google, mais uniquement sur un "lot" de pages traitant d'une thématique particulière ? En d'autres termes, verrons-nous apparaître un jour des "Google Sports", "Google Santé", etc. ?
Non, ce type de site n'a que très peu de chances de voir le jour chez nous. Nous ne cherchons pas à créer des "Google verticaux". Limiter une recherche à une partie du Web n'est pas dans la philosophie, la logique, de Google. Soit l'utilisateur doit utiliser des mots clés plus précis pour limiter sa recherche à une thématique particulière, soit c'est à nous, sur la base des mots clés demandés, de comprendre la requête proposée, d'être le plus pertinent possible. Nous avons un véritable challenge à relever entre simplicité du moteur et puissance de traitement. Nous avons fait le choix de lancer certains sites, comme Froogle ou Google Local, de façon délocalisée par rapport au site "mère" www.google.com mais la philosophie "idéale" de Google serait de tout rassembler sous une même interface, un seul site. Nous ne devons pas demander à l'internaute de faire le choix d'utiliser tel ou tel outil, c'est à nous de nous adapter en fonction de sa demande. Pour l'instant, les ordinateurs ne sont pas aussi efficaces que les humains pour trier l'information, aussi nous mettons en ligne quelques sites spécifiques, mais réellement le moins possible. Nous ne devons pas nous disperser.
- Qu'en est-il de la personnalisation des recherches ?
La localisation des recherches est l'un des premiers aspects de la personnalisation, qui est l'un de nos grands axes de réflexion pour l'avenir. Comprendre les recherches de l'internaute pour mieux s'adapter à sa demande. Nous travaillons énormément sur la voie de la personnalisation pour améliorer la pertinence de notre moteur, comme pour le lancement du site Google Personal (http://labs.google.com/personalized), aux Etats-Unis, qui est, là aussi, une première étape dans notre processus de réflexion. Nous travaillons, bien sûr, sur la compréhension des dernières requêtes effectuées par l'internaute pour affiner une recherche, mais également sur l'analyse de son adresse IP pour lui proposer des résultats localisés dans sa région, par exemple. La personnalisation est réellement l'une de nos voies majeures de réflexion actuellement.
Fichier PDF téléchargeable ici (la lettre Réacteur n'était à cette époque-là disponible que sous cette forme).