Google a mis en place il y a quelques semaines de cela sa nouvelle interface pour son moteur dédié aux images, déjà disponible depuis plusieurs années aux Etats-Unis. Le résultat ne s'est pas fait attendre avec une chute souvent vertigineuse du trafic venu de cet outil sur certains sites. Alors, pourquoi ce trafic a-t-il chuté et est-ce réellement un problème in fine ?

Par Daniel Roch

 

Tollé parmi les référenceurs : la nouvelle interface de Google Images a provoqué une forte chute de trafic pour quelques sites, jusqu’à -90% de visiteurs provenant des URL images.google.fr pour certains d’entre eux.

Mais qu’est ce qui a réellement changé pour le référencement naturel et l’utilisateur avec la nouvelle interface du moteur de recherche ? Dans cet article, nous allons ainsi expliquer la nature de ce changement et l’impact que cela peut avoir sur le trafic d’un site et sur les techniques de référencement naturel que l’on peut encore utiliser ou non.

Qu’est-ce que Google Images ?

Lorsqu’on parle de Google, il est important de définir en amont de quoi on parle exactement entre :

  • Les résultats images ;
  • Le moteur de recherche Google Images.

Google possède en effet un index des contenus de type image (.jpeg, .png, .gif, .bmp, etc.). Il propose ainsi deux manières de le consulter :

Les résultats image en "recherche universelle"

Google intègre depuis longtemps des résultats de type image à l’intérieur même de ses résultats naturels. En fonction de la requête de l’internaute, il peut ainsi juger pertinent l’ajout de ce type de réponses en "recherche universelle", comme il le fait aussi parfois avec des résultats d'actualités ou encore des résultats locaux via une carte.

Dans l’exemple de la figure 1, une recherche sur le terme « chiot » nous donne justement accès à ces résultats par image dans le moteur de recherche web traditionnel :


Fig. 1. Un exemple simple de résultats « Image » sur la requête « chiot ».

Le moteur de recherche Google Image

Google dispose bien entendu d’un outil dédié au moteur de recherche par image. On peut ainsi y effectuer les mêmes recherches que dans le moteur « naturel » pour n’y obtenir que des réponses en images. On peut même y ajouter un certains nombre de filtres dédiés comme la taille, les couleurs ou encore les éventuels droits de modification et de réutilisation des différents résultats.


Fig. 2. Le moteur de recherche « Image » et ses filtres, ici sur un exemple avec la requête « chiot ».

Pour l’anecdote, Google Images existe depuis les années 2000. A l’origine, Google ne proposait pas ce type de résultats. C’est lors d’un Grammy Awards que le moteur de recherche a commencé à avoir des demandes d’utilisateurs en ce sens. Ils souhaitaient pouvoir voir la photo de Jennifer Lopez dans une robe verte Versace (robe ayant un très grand décolleté). Source : https://www.abondance.com/actualites/20150413-14997-le-decollete-de-jennifer-lopez-a-initie-la-creation-de-google-images.html

Qu’est ce qui a changé dans Google Image ?

Depuis le 7 Février 2017, Google a modifié l’affichage du moteur de recherche Google Images en France. Ceci est valable à la fois sur le moteur de recherche dédié, mais aussi lors du clic sur les résultats images dans la recherche traditionnelle.

En réalité, ce « nouveau » design existe depuis 2013 aux Etats-Unis, mais il vient tout juste d’être déployé dans d’autres pays comme la France ou encore l’Allemagne (source : https://www.abondance.com/actualites/20170213-17616-nouvelle-interface-de-google-images-vagues-perdre-trafic.html).

En soi, on pourrait penser qu’un changement de design n’aurait pas tant d’impact que cela sur le  trafic et la visibilité d’un site. Et pourtant, cette nouvelle interface provoque des baisses de trafic importantes en provenance du moteur de recherche par images. Sur les différents forums de référencement naturel ou dédiés aux webmasters, nombreuses sont les personnes qui constatent des chutes importantes de trafic  (de -30% à -90% en fonction du secteur d’activité).

Si on prend l’exemple des Etats-Unis où cette interface est déployée depuis plus de 3 ans, les propriétaires de site y constatent en moyenne une baisse de 60% du trafic via Google Images (source http://searchengineland.com/google-rolls-2013-image-search-design-countries-webmasters-complain-traffic-loss-269546).

Pourquoi cette baisse ?

La raison à cette chute de trafic est simple : dans l’ancienne version, la page contenant l’image était affichée en fond d'écran dans une iframe, ce qui n’est plus le cas désormais.

Avant le 7 février 2017, chaque clic sur un résultat Google Images ouvrait cette dernière sous la forme d’une pop-up. Derrière elle, le site était affiché grisé dans une iframe, ce qui déclenchait donc immédiatement les scripts Analytics des sites associés.


Fig. 3. Exemple de l’ancien affichage des résultats Google Image, avec le site originel en fond
Source de l’image (et de l’image suivante) : http://searchengineland.com/google-launches-streamlined-image-search-146238.

Depuis la mise en place de la nouvelle version, le site n’est plus chargé en iframe, faisant ainsi réduire drastiquement le nombre de visites. L’image est toujours affichée pour l’utilisateur, et Google propose toujours d’avoir un accès au site web ou à l’image en taille réelle avec des boutons associés :


Fig. 4. Le nouvel affichage de Google Images.

Pour cette refonte, Google ne s’est d’ailleurs pas trop compliqué la tâche car il a tout simplement repris sans grandes modifications le script « Elastic Grid » de la librairie JavaScript jQuery : http://demo.phapsu.com/jquery.elastic_grid/.

Les techniques qui ne fonctionneront plus

Certains référenceurs ont profité pendant très longtemps de l’ancienne interface. Le site étant chargé derrière dans une iframe, cela voulait dire qu’il était possible d’y exécuter des scripts. C’était notamment le cas de ceux utilisés par les solutions de web-analytics, mais aussi de tous les autres JS présents dans le code.

Afin d’attirer plus de trafic, une technique consistait simplement à forcer la redirection de l’utilisateur vers le page réellement affichée dans l’iframe. On pouvait ainsi forcer l’utilisateur à réellement consulter le contenu de la page d’où l’image était tirée. Ce script ressemblait à ceci :

<script type="text/javascript">
if( parent.frames.length > 0 ) {
parent.location.href = location.href;
}
</script>

L’idée était ainsi de forcer le visiteur à réellement consulter le contenu associé, permettant ainsi d’augmenter artificiellement son nombre de visiteurs. Bien entendu, cela ne peut plus fonctionner depuis le changement d’interface.

Qu’est-ce que Google en dit ?

Puisque de nombreux webmasters se sont plaints, Google a essayé de déminer la problématique, que ce soit aujourd’hui en France ou aux États-Unis en 2013.

Selon les équipes de Google, le trafic provenant de Google Images a effectivement baissé. Cependant, ils indiquent que le trafic restant est le trafic réellement qualifié, c’est-à-dire celui réellement intéressé par le contenu de la page d’où est tirée l’image. A l’époque, Google expliquait que les visites allaient effectivement diminuer, mais qu’à l’inverse les autres métriques deviendraient bien plus cohérents (taux de clic, taux de conversion, taux de rebond, Etc.) car les statistiques sur les visiteurs correspondraient alors uniquement à des visites qualifiées.

Google insiste d’ailleurs non seulement sur ces points, mais également sur les aspects positifs pour l’utilisateur final : une recherche d’images bien plus rapide puisque le site derrière ne se charge plus en entier : https://webmasters.googleblog.com/2013/01/faster-image-search.html

Quelles autres techniques utiliser ?

Comme indiqué, il n’est plus possible de rediriger les visiteurs de manière automatique. Il existe cependant deux autres solutions moins efficaces que l’on peut utiliser.

Les watermarks

La première consiste à fournir une version avec un watermark (une signature) pour tous les sites qui font du hotlinking sur vos images, ce que fait justement Google.

Le hotlinking est est le fait qu'un site « A » affiche une image, mais cette dernière est stockée sur un autre nom de domaine « B ». L’affichage de ce watermark inciterait ainsi les utilisateurs à se rendre sur le site afin d’avoir l’image non modifiée.


Fig. 5. Un exemple d’image avec un watermark.

La redirection sur l’image en taille réelle

Autre solution : rediriger l’utilisateur qui cliquerait sur « Afficher l’image », c’est-à-dire quand l’image est affichée en taille réelle. Dans ce cas de figure, il suffit de détecter le site référent et de forcer la redirection (à condition d’être constamment capable de détecter correctement le site référent lors de l’affichage de l’image dans sa taille originale).

Sur WordPress, il existe des extensions pour ces deux solutions :

  • Imaguard (attention, l’extension n’a pas été mise à jour depuis plus de deux ans) ;
  • Google Break Dance : sur plusieurs de nos tests, cela fonctionnait, malgré quelques faux positifs.

Le problème du droit d’auteur

Sur plusieurs forums, une autre problématique a aussi été mise en avant : le droit d’auteur. Avec cette nouvelle interface, Google cite bien l’origine de chaque image (avec un lien pour l’afficher en taille réelle ou pour se rendre sur le contenu associé), mais il affiche directement dans son moteur un contenu ne lui appartenant pas. Voici ce que dit la loi française à ce propos : Toute reproduction ou représentation d’une photographie par quelque moyen que ce soit, imprimé ou numérique, à titre gratuit ou payant, est subordonnée à l’autorisation du photographe ou de ses ayants droits. Le non-respect de cette règle constitue un délit de contrefaçon.

En d’autres termes, Google enfreint la loi dès lors qu’il affiche une image dans son moteur de recherche sans autorisation, même si celle-ci n’est pas affichée immédiatement dans sa taille réelle.

Si ce sujet vous intéresse, nous vous invitons à lire cet excellent article qui traite des lois relatives aux images : https://www.nikonpassion.com/16-regles-droit-image-auteur-photographie/

Mesurer l’impact de Google Images

Comment mesurer le trafic provenant de Google Images, et surtout comment mesurer l’impact de ce changement d’interface ? Il faut en effet savoir que l’on ne mesure les visiteurs « Image » sur un site web que dans deux cas de figure avec cette nouvelle interface :

  • Les internautes ayant cliqué une seconde fois sur l’image affichée en taille réelle et qui donc se rendent sur la page d’origine ;
  • Ceux qui ont explicitement cliqué sur le bouton « Consulter la page » situé à droite de l’image.

Il est donc possible de mesurer le trafic Google Images et de mesurer l’évolution de ce trafic via plusieurs moyens.

La Search Console de Google

Le lieu de prédilection pour cela est tout simplement de se rendre dans la Search Console de Google (http://www.google.fr/webmasters/), dans le menu « Analyse de la recherche ».


Fig. 6. Le menu « Analyse de la recherche » de la Search Console.

Ce dernier vous donne en effet des statistiques globales sur votre référencement naturel (nombre de clics, taux de clic, nombre d’impressions, etc.). Il suffit ensuite de filtrer en haut à droite le moteur utilisé, en l’occurrence les résultats « Image ».


Fig. 7. Utilisez l’option « Type de recherche » pour ne voir que le trafic de Google Image.

On peut ainsi voir le nombre de clics ou d’impressions de nos résultats images. Si vous sélectionnez une plage de date plus large, vous verrez d’ailleurs le changement drastique du trafic provenant de Google Images depuis la mise à jour (Google l’affiche avec une barre verticale « Remarque »).


Fig. 8. On constate facilement la chute de trafic venant de Google Images.

Remarque : ceci est valable uniquement si vous avez enregistré votre site dans la Search Console de Google depuis plusieurs semaines, et uniquement si vous redirigez toutes les autres versions de votre domaine vers la version principale (celle enregistrée). Par exemple, si votre site est https://site.fr, les versions suivantes doivent être redirigées vers la version enregistrée dans la Search Console :

  • http://www.site.fr
  • http://site.fr
  • https://www.site.fr

Votre outil de Web-analytics

La seconde méthode pour mesurer le trafic en provenance de Google Images est de regarder son outil de Web-analytics. Nous prendrons ici Google Analytics comme exemple, mais les conseils s’appliquent de la même manière aux autres outils comme par exemple Piwik.

Pour connaître le trafic provenant de Google Images, il suffit de demander à son outil d’afficher le trafic en provenance de l'URL images.google.fr (et de toutes les variantes de Top Level Domain comme .com, .de, .es, .it, .be, etc.).

Dans Google Analytics, il faut se rendre dans le menu « Acquisition > Source/support », puis faire une recherche sur le terme « Image » juste au-dessus du tableau.


Fig. 9. Le menu « Source/Support » de Google Analytics permet de voir le trafic de Google Images.

Là encore, on voit là aussi la forte différence dans le trafic que pouvait apporter Google Images à certains sites depuis la mise à jour.


Fig. 10. La chute de trafic provenant de Google Image est facilement visible.

Les logs

Dernière solution moins pratique car manuelle : consulter les logs de son serveur pour voir toutes les images qui sont appelées par de vrais internautes (c’est-à-dire par un user-agent traditionnel comme Chrome, Firefox, Safari, Etc.). Mais cela implique de télécharger les logs, de supprimer toute ligne provenant de bots, puis de regarder ensuite uniquement ce qui concerne les images et en provenance de images.google.tld. Un peu plus fastidieux...

Conclusion

En changeant son interface, Google a provoqué des chutes de trafic plus ou moins importantes sur la quasi-totalité des sites web dans le monde (du moins pour les pays ayant adopté cette nouvelle interface). Cette chute se fait cependant sur un trafic moins qualifié, et l’impact de celle-ci est pour certains sites inexistant si l’on prend en compte uniquement les conversions et le chiffre d’affaires.

Sur les sites dont le secteur d’activité ne dépend pas de requêtes fortement liées aux images, l’impact est relativement faible. Le problème est que dans certains secteurs d’activité, les images sont le cœur des contenus (par exemple un site dans le domaine de l’art ou de la photo). Pour eux, la chute de trafic est vertigineuse. La clé pour ces sites va donc être de trouver le moyen de forcer les internautes à consulter quand même le contenu réel, par exemple en empêchant le hotlinking, ou bien en ajoutant une signature incitant l’internaute à se rendre sur le site.

Sur Internet, il est donc toujours important de se rappeler un conseil de base mais très important : il ne faut jamais miser sur une seule source de trafic, ou comme ici sur un seul type de résultats.


Daniel Roch
Consultant WordPress, Référencement et Webmarketing chez SeoMix (http://www.seomix.fr)