Pourquoi et comment utiliser des noms de domaine expirés en SEO ?

Sachez qu'une fois le nom de domaine en votre possession, il ne remplacera JAMAIS une vraie protection juridique, à savoir le dépôt de la marque ee la création d'une entité (entreprise, association, etc.).

Expiration

Beaucoup d'hébergeurs renouvellent automatiquement vos noms de domaine, si bien que vous n'avez pas vraiment à vous soucier de la perte éventuelle de ces derniers. Cependant, dans le cas où ce renouvellement n'a pas été fait, voici ce qui se passe :

• 40-45 jours de période de grâce après la date d'expiration : votre nom de domaine n'est plus actif. Il n'est pas réservable par autrui mais le propriétaire initial est prioritaire pour le renouveler ;
• De 40 eà 70 jours, la période de rédemption : sans action du propriétaire original (qui peut toujours agir pour récupérer le nom), le nom de domaine peut être mis en vente aux enchères ;
• Ensuite, le nom de domaine est supprimé et devient disponible pour quiconque veut l'acheter.

Fig. 2. Une explication de la vie d'un nom de domaine.

A quoi sert un nom de domaine expiré en SEO ?

En référencement naturel, le gros avantage d'un nom de domaine expiré est de pouvoir récupérer tout ou partie de son historique : ancienneté, backlinks, anciens contenus, etc. Ces noms de domaine peuvent ainsi avoir très vite un bon positionnement car ils profitent de la popularité précédemment acquise, même quand la thématique est différente. On peut ainsi racheter entre quelques dizaines et quelques milliers d'euros certains noms de domaine, créer son site dessus et le rentabiliser très vite dans la foulée (beaucoup plus vite que si vous partiez de zéro).

Les risques des noms de domaine expirés

Avant de détailler la meilleure façon de mettre en place cette stratégie, expliquons d'abord les risques liés à cette technique :

• Pénalité : en soi, racheter un nom de domaine pour sa popularité revient à de l'achat de lien, technique contraire aux règles édictées par Google. Potentiellement, le site pourrait donc être pénalisé ;
• Changement d'algorithme : rien ne dit que Google ne cherchera pas à combattre cette technique dans l'avenir. Il pourrait très bien créer un filtre algorithmique comme Google Panda ou Google Penguin qui viendrait déclasser ce type de sites ;
• Le droit des marques : en reprenant un nom de domaine voire éventuellement son ancien contenu, il existe un risque lié au droit. Posez-vous ainsi les questions suivantes :
• Est-ce une marque déposée ?
• Les contenus réutilisés éventuellement sont-ils libres de droit ?

Comment choisir un nom de domaine expiré en SEO ?

En ayant connaissance de risques potentiels, voyons maintenant comment juger un nom de domaine expiré.

La thématique

Le premier point à regarder est la thématique de ce dernier : est-ce la même que votre site actuel ou que le site que vous souhaitez créer ? Si oui, aucun problème.
Dans le cas contraire, cela ne veut pas dire que vous devez l'écarter. C'est juste qu'il sera plus compliqué de changer le profil de liens (notamment les ancres) et que le risque de pénalisation est plus fort.

L'ancienneté

Un autre critère assez simple est de vérifier son ancienneté. Google accorde de l'importance à la longévité (et donc à la crédibilité) d'un nom de domaine. Mais surtout, un nom de domaine ancien a beaucoup plus de chances d'être populaire (d'avoir reçu plus de liens sur la durée).

Un moyen simple de vérifier l'ancienneté est le WHOIS, par exemple ici http://www.whois-raynette.fr/ . Voici un extrait des résultats donnés avec la ligne « created » ici sur le domaine seomix.fr :

domain: seomix.fr
status: ACTIVE
registrar: Infomaniak Network SA
Expiry Date: 2019-12-02T09:05:38Z
created: 2009-12-19T21:59:56Z
last-update: 2018-10-08T07:22:54Z
source: FRNIC

Autre moyen rapide de juger un historique : l'outil gratuit WayBackArchive (https://web.archive.org/) qui enregistre des captures d'écrans de certaines pages des sites web depuis des décennies. En règle générale, plus le nombre de ces captures est important, plus le site est populaire, comme ici avec le site abondance.com :

Fig. 3. Les captures disponibles pour Abondance.com.

Un site encore actif

Troisième élément : est-ce que le domaine est encore « actif » ? Certains noms de domaines expirés peuvent ainsi être encore indexés, avoir des mots clés positionnés voire même du trafic. Si c'est le cas, cela veut dire qu'il possède une réelle valeur en référencement naturel.
Pour vérifier cela, il existe différents moyens :

• Dans Google, utilisez la commande "site:nom-de-domaine.fr" pour voir les URL encore indexées ;
• Si possible, demandez des éventuels accès à la Search Console concernée ;
• Utiliser des outils comme SemRush pour voir les mots clés encore positionnés actuellement.

Le nom (de marque)

Autre point important (surtout bloquant à vrai dire) : le nom de domaine en lui-même. Avant d'en réserver un, il est important de regarder si vous avez le droit légal de le réserver. Potentiellement, le nom utilisé peut avoir fait l'objet d'un dépôt de marque, ou bien être tout simplement le nom d'une personne, d'une entreprise ou d'une organisation (associations, ONG, etc.).

Pour vérifier cela, faites une recherche sur le nom utilisé avec :

• l'INPI : https://bases-marques.inpi.fr/ ;
• Google ;
• Sur un site de registre des sociétés comme https://www.societe.com/.

Si ces recherches ne démontrent pas d'éléments bloquants, avoir un nom de domaine qui ressemble à une marque est un vrai plus pour plusieurs raisons :

• Il paraît plus naturel ;
• Il permet plus facilement de s'écarter du secteur d'activité initial.

En d'autres termes, on peut parfois racheter un nom de domaine expiré peu intéressant au niveau SEO mais qui permettra d'avoir un réel axe de développement marketing.

La popularité

C'est bien entendu le principal critère à regarder et qui va donner toute la valeur au nom de domaine que vous allez analyser : est-il populaire (en termes de référencement naturel) ? Pour cela, nous utiliserons des outils comme Majestic SEO, SemRush, Ahrefs, etc. On va alors mesurer différents critères :

• Le nombre de liens ;
• Le nombre de domaines référents ;
• La proportion de liens vers la page d'accueil et vers les pages profondes ;
• Le Citation Flow et le Trust Flow du domaine (indices de notation donnés par l'outil Majestic SEO).

Bien entendu, cette mesure « brute » doit surtout être réalisée en comparant le nom de domaine avec les sites du même domaine d'activité (certains secteurs sont bien plus concurrentiels que d'autres).

Ensuite, il faut impérativement affiner votre analyse en regardant :

• La thématique des sites et/ou des pages qui font des liens vers le nom de domaine analysé (Topical Trust Flow de Majestic, par exemple) ;
• Les ancres utilisées par ces sites, notamment en regardant :
• les ancres exactes (il n'en faut pas trop) ;
• les ancres qui vont venir polluer votre référencement car trop éloignées de la future thématique du site.
• La proportion de liens en nofollow (il en faut toujours un peu) ;
• La typologie d'origine des liens (annuaires, forums, presse, blogs, etc.) qui permet de déterminer leur qualité ;

L'historique des contenus

Dernier point pour choisir un nom de domaine : son historique de contenus. Toujours avec l'outil WayBackArchive, il est possible de récupérer partiellement ou complètement le contenu de l'ancien site, pour le réutiliser ou non dans le futur (le gain de temps est énorme). On peut ainsi relancer très vite un nouveau site web. Attention cependant, car cela vous fait courir un risque juridique comme nous allons le voir juste après.

Que faire avec son nom de domaine expiré ?

Reprise de l'ancien site

C'est la solution la plus « naturelle » : vous rachetez un nom de domaine expiré puis vous récupérez ses anciens contenus pour ensuite relancer le site tel qu'il était disponible auparavant. On conserve ainsi parfaitement son historique, et le risque de perdre des liens est très fortement diminué puis le site est similaire à celui d'avant.

Mais attention : tout contenu sur le web est soumis au droit de la propriété intellectuelle. Il en existe deux types :

• Le droit moral (l'esprit de l'œuvre) qui ne peut être cédé ;
• Les droits patrimoniaux qui peuvent être cédés pour donner le droit à un tiers de la réutiliser. Ceci est notamment prévu par exemple dans les contrats de création de site web.

Ainsi, en reprenant les contenus d'un ancien site, vous devez vérifier que vous avez récupéré ces fameux droits, sous peine potentielle de poursuites judiciaires (même si le site n'existe plus).

301 vers son domaine principal

Solution facile et souvent utilisée, vous redirigez le nom de domaine expiré vers le vôtre pour bénéficier de sa popularité. Cette technique est efficace mais comporte plusieurs défauts :

• Elle augmente le risque de pénalité ;
• Elle risque de vous faire perdre des liens, les sites ayant créé les backlinks se rendant compte au fur et à mesure que le contenu du nom de domaine a changé.

Il existe cependant plusieurs variantes pour atténuer ces effets :

• Rediriger vers un site moins important de votre réseau et pas vers votre site principal (diminution du risque) ;
• Rediriger uniquement les URL de la même thématique ;
• Rediriger de manière ciblée vers des pages profondes pertinentes.

Un site de réseau

Troisième solution possible : créer un nouveau site dans son réseau en reprenant partiellement les contenus ou la thématique, ou bien en changeant complètement cette dernière. Libre à vous ensuite de l'inscrire dans une stratégie globale d'acquisition de trafic. Le but ici est donc de surtout profiter de la popularité brute du nom de domaine que l'on a réservé.

S'en servir pour échanger

Quatrième possibilité : le racheter en vue d'échanges ou de revente. Il peut ainsi être revendu plus cher que son prix d'achat, ou servir dans différents types d'échanges (échanges de liens, de contenus, de noms de domaines, etc.). Bref, de la spéculation.

Une protection pour le site principal

Dernière possibilité, s'en servir pour protéger le site web principal. Certains référenceurs peuvent en effet avoir des techniques relativement agressives pour créer des liens. Pour éviter un risque de pénalité, on peut ainsi diriger ces liens vers le nom de domaine expiré qui lui-même fera un lien vers le site principal (ou vers un autre niveau du réseau de sites), permettant ainsi de le supprimer si une pénalité survenait.

Où trouver des noms de domaine expirés ?

Les professionnels du secteur

Pour trouver des noms de domaine expirés, il existe une solution simple : faire appel à des prestataires spécialisés dans ce domaine (très nombreux à l'heure actuelle).  En voici quelques-uns :

• KifDom : https://www.kifdom.com/;
• WoxUp : https://woxup.fr/ ;
• PBNPremium : https://www.pbnpremium.com/ ;
• DOMStocks : http://www.domstocks.fr/ ;
• YouDot : https://www.youdot.io/ ;
• Etc.

Les trouver soi-même

On peut bien entendu les chercher soi-même. La méthode est assez simple à vrai dire, mais elle est longue et fastidieuse. Le but est de crawler le web à la recherche de liens pointant vers des noms de domaines expirés. Pour cela, vous pouvez utiliser différentes méthodes :

• Scrapebox avec son addon Domain finder http://www.scrapebox.com/expired-domain-finder ;
• Un crawler gratuit comme Xenu Link Sleuth : http://home.snafu.de/tilman/xenulink.html ;
• Un crawler payant comme Screaming Frog Spider SEO : https://www.screamingfrog.co.uk/seo-spider/ .

Prenons l'exemple de ce dernier pour vous expliquer comment faire.

• Prenez d'abord votre secteur d'activité, puis cherchez un site web traitant de ce dernier (site d'information, annuaire, blog, forum). L'annuaire est d'ailleurs l'outil de prédilection ;
• Crawler ce site ;
• Faites ressortir tous les noms de domaines qui renvoient un message d'erreur « n'existe plus » ou « impossible de résoudre le nom d'hôte  » ;
• Allez sur le site d'un registrar ou d'un hébergeur pour voir si le nom de domaine est réservable (il est possible qu'il appartienne encore à quelqu'un).

Un exemple : marine2017.fr

Prenons un exemple connu dans la sphère SEO pour vous montrer un cas pratique : le site marine2017.fr qui avait servi à l'élection présidentielle 2017.

Fig. 4. Le site Internet en 2017.

Fig. 5. Le site en 2018 est devenu un comparateur.

Dans cet exemple :

• Le nom de domaine a expiré ;
• Une tierce personne l'a racheté et a changé sa thématique.

Actuellement, malgré le changement de thématique et un profil de liens avec des ancres non optimisés sur le nouveau secteur d'activité, le site est loin d'être pénalisé puisqu'il se positionne sur de très nombreux mots clés : plus de 1 500 mots clés uniquement dans le top 3.

Fig. 6. Le nombre de mots clés du site est important et en forte augmentation.

Malgré le fait que les élections ont eu lieu en 2017, et que le site a été abandonné fin 2017, le nom de domaine conserve un très fort profil de liens :

Fig. 7. De nombreux liens depuis de nombreux domaines référents.

D'ailleurs, les ancres de liens liées à l'élection présidentielles restent encore très présentes :

Fig. 8. Top 10 des ancres de liens : elles sont encore centrées sur les élections.

Cependant, de nouveaux liens sont créés continuellement, comme ici avec ancres récentes (détectées par SemRush le 5 Janvier 2019) :

• « broyeurs de végétaux: les meilleurs modèles de 2018 guide shopping de marine. » ;
• « code promo amazon » ;
• « drone caméra: comparatif, test et avis des modèles 2018 guide shopping de marine. » ;
• « source link » ;
• Etc.

Si l'on regarde en arrière, on peut ainsi voir sur WayBackArchive l'époque où le site était actif et a été stopé fig. 9) puis le moment du changement (fig. 10).

Fig. 9. Un site actif lors des élections (2017).

Fig. 10. Un site encore actif après sa refonte (2018).

L'ironie veut d'ailleurs que le site continue encore à se positionner sur une partie de ses anciens mots clés :

Fig. 11. Le site se positionne encore sur des mots clés liés à la présidentielle.

Fig. 12. Une 7ème place sur « marine le pen programme ».

Conclusion

Ne nous mentons pas : les domaines expirés peuvent représenter une technique très efficace en référencement naturel. Le problème principal est que cela prend du temps et/ou de l'argent pour trouver les noms de domaine concernés et les recréer, et que les prix peuvent monter très vite pour les domaines les plus populaires.

La véritable question, en dehors de l'aspect moral et honnête de ce type d'activité, par contre est de savoir si à terme, comme pour les fermes de liens avec Google Penguin ou de contenus avec Panda, cette technique pourrait être détectée et pénalisée par les équipes de Google. Et malheureusement, personne ne peut encore répondre à cette question.