Rechercher de l'information consiste parfois à se plonger dans le passé du Web, en explorant les contenus publiés depuis plus ou moins longtemps. Mais il peut aussi s'agir de mener des investigations en temps réel sur ce qui se passe sur notre planète. Ainsi, ce mois-ci, nous explorons les sites web et outils qui permettent de visualiser les avions en cours de vol, les bateaux qui naviguent sur les mers à un temps T, ainsi que de savoir si les trains arriveront à la bonne heure. Et d'avoir, pour chacun de ces moyens de transports, de nombreuses données en temps réel. Certains services sont même parfois particulièrement fascinants...

Par Christophe Deschamps

 

Le Web temps-réel est une promesse vieille de 10 ans… A l'époque, on incluait dans ce concept un ensemble de technologies grâce auxquelles l'utilisateur recevait des contenus instantanément dès leur publication : notifications, messages issus de médias sociaux, mises à jour de statuts, alertes,… Google, jamais en reste, lançait d'ailleurs en décembre 2009 sa fonction « real-time search » qui restera active jusqu'en juillet 2011.

Mais le Web temps réel est aussi lié à la mise sous surveillance du monde, c'est-à-dire au déploiement de capteurs capables d'enregistrer des données au fil de l'eau et de les envoyer vers un serveur. Il peut s'agir d'objets connectés simples tels que nous les utilisons dorénavant au jour le jour : smartphones, montres, bracelets, bagues, patchs … mais également d'objets et éléments du quotidien : réfrigérateurs, balance de pesée, compteurs électriques, voitures,… Ces capteurs ont bien sûr fait exploser la volumétrie des données produites dans le monde et sont une des raisons de l'émergence du Big Data, qui répond au besoin de stockage et d'analyse de celles-ci. Elles sont ensuite utilisées pour mettre en œuvre des algorithmes de machine learning, eux-mêmes sensés permettre notamment l'analyse prédictive des comportements. Bien sûr, elles aident aussi à mieux vous connaître et à anticiper vos besoins afin vous exposer à de la publicité de plus en plus ciblée…

Heureusement, ces données ne sont pas toutes enfermées précieusement par des sociétés privées dans un seul et unique but commercial. De très nombreuses applications en ligne sont mises à disposition gratuitement et offrent des possibilités intéressantes (par exemple lorsqu'on pratique le renseignement de sources ouvertes ou OSINT).

Nous allons dans cet article passer en revue certaines d'entres-elles consacrées au transport.

Suivre les déplacements des avions de ligne

FlightRadar24 : https://www.flightradar24.com/

FlighRadar24 est un service qui permet de suivre en temps réel le déplacement de l'ensemble des avions de ligne présents dans les airs.


Fig. 1. Page d'accueil du site Flightradar24.

En cliquant sur l'un des avions en déplacement on fait apparaître des informations détaillées sur celui-ci ainsi que sur le vol qu'il effectue.


Fig. 2. Zoom sur le vol TG675 de la société Thai Airways.

Certaines données, notamment issues des capteurs présents dans l'avion (vent, température, code de l'espace aérien survolé) ne sont toutefois accessibles que dans la version payante.

Si l'on dispose d'un numéro de vol, il est possible de le rechercher en utilisant le moteur du service.


Fig. 3. Moteur de recherche de la base de données de Flightradar24.

L'onglet Data/History permet de rechercher par exemple l'historique des vols d'un avion en particulier sur la dernière semaine. Il faudra en revanche passer en mode payant pour avoir l'historique complet.


Fig. 4. Historique des vols d'un avion spécifique.

FlightAware : https://fr.flightaware.com/

FlightAware est également excellent et propose de partir d'une interrogation plutôt que de la carte des vols. Son moteur (de recherche) permet basiquement de rechercher par compagnie, vol, provenance et destination, mais d'autres options sont disponibles dans le menu de gauche (par opérateur, aéroport, type d'avion,…).

En utilisant, comme ci-dessous, un numéro de vol, on obtient une fiche qui donne de nombreux détails : heure d'arrivée estimée, trajet, données de vol, précédents et prochains vols,…


Fig. 5. Zoom sur le vol THA75 et sur l'avion qui l'effectue.

Là encore, certaines données ne sont accessibles que dans la version payante.

Il existe bien d'autres services de ce type comme :

Suivre les déplacements des navires

Marine Traffic : https://www.marinetraffic.com

A l'instar de FlightRadar24 pour les avions, Marine Traffic s'ouvre sur une impressionnante carte du monde indiquant le positionnement en temps-réel de tous les navires répertoriés dans sa base de données.


Fig. 6. Page d'accueil du service MarineTraffic.

Pour cela, il utilise les signaux AIS (Automatic Identification System) qui passent par radio VHF. Il propose aussi, dans ses versions payantes, le suivi par satellite.

En allant dans les onglets à gauche de la carte, il est possible de rechercher des bateaux avec leur nom mais il est surtout possible de filtrer la carte en fonction des types de navires : cargos, tankers, bateaux de croisière, de plaisance…

Ci-dessous, nous avons par exemple filtré les bateaux transportant des passagers sur les côtes bretonnes.


Fig. 7. Système de filtrage par type de navires

En cliquant sur l'un des navires présentés, on obtient sa fiche détaillée et le trajet qu'il effectue. Ici par exemple, le Vindilis en train de relier Belle-Île à Quiberon.


Fig. 8. Fiche du trajet effectué par le Vindilis.

Le bouton « Past track » permet d'accéder aux précédents déplacements du navire sur une période donnée.

Toujours dans les onglets à gauche, il est possible d'ajouter des éléments complémentaires à la carte (layers) comme par exemple les ports ou les phares.


Fig. 9. Application des « layers » Ports et Phares sur la carte.

Dans sa version payante (3 forfaits de 14 à 99$ /an) il est également possible de se constituer une « flotte » de vaisseaux que l'on pourra suivre de manière précise via des alertes.


FleetMon : https://www.fleetmon.com/

Ce service est le concurrent direct du précédent. Il permet de rechercher un bateau par son nom dans la base de données qui en comporte plus de 500 000.


Fig. 10. Moteur de recherche de la base de données de FleetMon.

En cliquant sur l'un des résultats, on obtient une fiche signalétique détaillée du navire en question.


Fig. 11. Fiche détaillée du navire Opal Fortune.

En dessous de cette fiche, on trouve une carte donnant des informations de positionnement très précises.


Fig. 12. Indicateurs et position du navire Opal Fortune.

Le bouton Live tracking permet, à condition d'avoir créé un compte gratuit, d'accéder à une cartographie du même type que celle proposée par MarineTraffic mais un peu moins facile à exploiter car au format Flash.


Fig. 13. Carte géographique du monde avec positionnement des navires.

Un zoom permet même de voir les bateaux au port.


Fig. 14. Navires stationnés dans le port de Brest.

Il existe plusieurs autres services du même type :

Suivre les déplacements des trains

SNCF Géolocalisation : https://www.sncf.com/fr/itineraire-reservation/geolocalisation

Depuis 2016, la SNCF propose une solution en ligne, que l'on retrouve également dans son applis iOS et Android, permettant de suivre le déplacement de ses trains en temps réel.

L'interface s'ouvre sur une carte de France dans laquelle tous les trains en circulation sont présentés.


Fig. 15. Page d'accueil sur service de suivi des trains en temps réel de la SNCF.

Un clic sur l'un d'eux permet de zoomer dans la zone géographique où il se trouve et affiche le trajet parcouru et restant à parcourir.


Fig. 16. Zoom sur le parcours et le positionnement du TGV 5316.

Il est possible de filtrer la carte principale en utilisant le menu déroulant du même nom en haut à droite. En utilisant les cases à cocher, on peut faire apparaître au choix :

  • Les trains internationaux ;
  • Les TGV ;
  • Les Intercités ;
  • Les TER ;
  • Les Transilien.


Fig. 17. Système de filtrage par types de trains.

Bien sûr, il est également possible de rechercher des trains par trajet, numéro de train ou gare. Le site est moins spectaculaire que les précédents services, mais il a le mérite d'exister et de bien fonctionner.

Il existe un service similaire pour la Société des chemins de fer belges (SNCB) baptisé TrainMap (https://trainmap.belgiantrain.be/?lang=fr) et un autre, très peu ergonomique, pour les chemins de fer anglais sur le site OpenTrainTimes (https://www.opentraintimes.com/maps).

Enfin, le service TRAVIC (https://tracker.geops.ch), s'est donné pour objectif de suivre le plus largement possible les trams, métro, trains, bus et ferries du monde entier et est connecté pour cela avec plus de 700 API. Le projet, issu du travail de thèse de Patrick Brosi (Université de Fribourg) est ambitieux, mais malheureusement optimisé pour le monde germanique, qui héritera de la majorité des données, comme on peut le voir sur la carte ci-dessous.


Fig. 18. Page d'accueil du service TRAVIC.

A Berlin par exemple, on verra effectivement le déplacement en temps réel des trains et tramways.


Fig. 19. Zoom sur l'Alexanderplatz à Berlin.

Malgré cette focalisation géographique, ce service mérite d'être suivi afin d'en observer les développements futurs.

Ces services ne trouvent pas tous les jours une utilité, sauf pour les passionnés d'avions ou de bateaux, mais ils peuvent toutefois s'avérer utiles, tant pour la vie quotidienne que pour l'investigation. Par ailleurs, certains sont tout simplement particulièrement fascinants à observer…

Le mois prochain, nous continuerons ce tour d'horizon avec plusieurs services qui « auscultent » la planète. Notre exploration du Web temps réel n'est pas terminée...

 

Christophe Deschamps,  Consultant-formateur : veille stratégique, intelligence économique, social KM, e-réputation, mindmapping, IST (http://www.outilsfroids.net/)

 

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