Le SEO est souvent proche en termes de stratégie d'une entreprise à l'autre, au moins dans ses grandes lignes. Pourtant, les start-ups ont des caractéristiques très particulières qui font que ce pan de leur croissance doit être envisagé de façon très spécifique. Dans cet article, un entrepreneur qui a mis en place plusieurs start-ups, nous explique ses choix SEO et les réflexions qui ont mené à une visibilité optimale, en passant par les inévitables erreurs commises... Une bonne lecture pour les éviter... Dans cette seconde partie, il nous explique concrètement comment les différentes actions ont été mises en place.
Cet article détaille la manière dont nous avons obtenu, au sein de notre start-up, des succès grâce au référencement naturel, étape par étape. Pour ce faire, nous regarderons ici le SEO depuis le point de vue stratégique et opérationnel d’une startup en recherche de croissance rapide. Ce point de vue est nécessairement différent de celui d’un responsable SEO dont l’objectif est principalement de maximiser le volume de trafic organique. Ce point de vue est aussi différent de celui d’une entreprise déjà établie sur son marché et qui cherche à conforter ses positions. Dans ce contexte, le référencement naturel, bien qu’essentiel, n’est pas systématiquement mis au premier plan. Il est intégré à la stratégie générale de l’entreprise au même titre que la productivité, le revenu, ou plus simplement d’autres leviers d’acquisition. Nous apprécierons donc le SEO lorsque celui-ci est soumis aux contraintes multiples de l’entreprise qui permettent de trouver l’équilibre général.
Nous avons vu dans la première partie de cet article, le mois dernier, que le SEO présente un panel de bénéfices directs et indirects dont les startups peuvent tirer parti dans leur recherche de croissance. Nous avons ensuite vu comment le fait de se construire soi-même une expérience par la pratique intense du SEO a permis de définir des fondamentaux stratégiques.
Dans cette deuxième et dernière partie, nous allons voir comment ces fondamentaux se déclinent de manière opérationnelle (métier, sémantique, technologie, marketing, RH, UX) puis nous les illustrerons par des résultats obtenus chez appvizer et Greenkub. Nous verrons enfin les éléments structurants du plan de lancement d’un nouveau site sur un domaine vierge.
Le SEO vu de manière opérationnelle
Les stratégies SEO orientées « contenus » de Greenkub et appvizer ont été performantes d’une part parce que Google plébiscite les contenus et d’autre part parce que le travail a été mieux exécuté pour ces deux sites que pour ceux de leurs concurrents. Nous allons voir ici comment la qualité de l’exécution peut devenir un avantage compétitif en SEO.
Le métier
La connaissance du métier de l’entreprise est la base fondamentale du SEO. Tout le monde peut constater la dégringolade des contenus rédigés par des stagiaires marketing ou des prestataires à Madagascar. Alors certes, j’ai passé beaucoup d’heures à lire du contenu sur les studios de jardin (chez Greenkub) et les logiciels (chez appvizer). Mais les contenus que nous avons rédigés vont rester longtemps dans les premières positions. Le premier article que j’ai rédigé chez appvizer est toujours premier 5 ans après !
Un bon exemple actuel pour illustrer cette approche est l’hébergeur de sites WordPress Kinsta : arrivés en 2018 dans un univers très concurrentiel (l’hébergement et l’optimisation de sites WordPress), ils ont percé à une vitesse phénoménale grâce à des contenus d’une qualité exceptionnelle. Ces contenus sont rédigés par des personnes qui maitrisent parfaitement leur sujet et qui rédigent également très bien. C’est d’ailleurs comme cela que je les ai découverts et que je travaille avec eux aujourd’hui.
Selon moi, un bon rédacteur web est une personne issue du métier qui dispose par ailleurs de compétences rédactionnelles. À défaut, il faut, toujours selon mon expérience, 1 jour de recherche documentaire pour 1 article qui fera référence.
Pour résumer, maîtriser le métier de son entreprise c’est :
- Des contenus positionnés rapidement et longtemps ;
- Une barrière à l’entrée immense pour les concurrents ;
- Plus de valeur pour les visiteurs (opinion, exhaustivité, synthèse) et donc une marque plus attractive.
La sémantique
La sémantique d’un contenu est le second facteur clé de succès. Nous avons vu qu’il faut compter 1 jour/Homme pour rassembler la connaissance et créer un plan de rédaction. Il en faut un second pour rédiger le contenu en y injectant la bonne sémantique. Avant la rédaction, je préconise de parcourir la sémantique de la requête visée avec le site 1.fr. Ensuite la rédaction démarre en gardant un œil sur la liste de mots clés proposée par 1.fr. Enfin l’article est optimisé en 1 ou 2 passes pour densifier la sémantique du contenu.
Tout comme la suroptimisation en netlinking, attention à la suroptimisation sémantique. Elle ne se paye pas encore aujourd’hui, mais elle devrait être logiquement pénalisée à terme. Mieux vaut être extrémiste sur le métier plutôt que sur la sémantique donc.
Il est intéressant de proposer au rédacteur de réaliser lui-même son cocon sémantique pour des questions de productivité. Cette organisation s’avère payante, mais débouche cependant sur une certaine fatigue intellectuelle.
En résumé, la sémantique :
- Aide à explorer l’univers de la requête ;
- Permet d’optimiser un article par la densité de mots clés ;
- Permet de séparer les sujets importants pour créer des cocons sémantiques.
Le marketing
Le marketing a la mission importante d’aller chercher de la croissance sous contrainte commerciale, technique, métier et celle de rendre un service aux utilisateurs.
Chez appvizer, nous avons fait en sorte de ne pas établir de lien hiérarchique entre le marketing et l’éditorial pour que ce dernier ait toute la latitude pour rédiger les meilleurs contenus possibles. En revanche le marketing est là pour structurer la roadmap (priorisation des requêtes, briefs, etc.) et tirer parti de ces contenus pour créer du revenu.
Chaque fois que nous avons vu le marketing s’impliquer dans la conception des contenus, les résultats ont été décevants. La magie opère quand la collaboration est équilibrée entre les différents pôles de l’entreprise.
La technologie
J’ai connu le développement 100% maison avec appvizer et un WordPress classique avec Greenkub. Ayant été responsable de la croissance pour ces deux startups, ma position est très claire : sur le Web, la technologie est toxique lorsqu’elle ne permet pas au marketing de s’aligner sur les meilleurs standards en moins de 4 semaines. Ceci ne remet pas en cause sa nécessité, mais si un développement spécifique peut être évité, alors il le doit. Je suis passionné de technologie autant que de SEO, mais je ne suis pas dogmatique… Mon objectif n’a jamais été différent de celui des entreprises que j’ai créées ou accompagnées. J’ai récemment étudié cette problématique et mon sentiment est que l’avenir du Web est clairement entre les mains du low-code. Par ailleurs, l’absence de ressources techniques permet de s’ouvrir à des solutions clés en main plus que satisfaisantes et structurantes.
L’évolution rapide de la qualité des offres de services techniques et la diminution de leurs coûts doit pousser les startups à améliorer leur site sans passer par des développements spécifiques. C’est mon constat.
Nous avons connu une anecdote chez Greenkub qui mérite d’être racontée. En Mai 2019, il m’a fallu garantir la disponibilité du site pour un passage sur l’émission Capital de M6. Sans équipe technique, j’ai dû migrer seul mon site sur une infrastructure plus solide. L’équipe de Cognix System (partenaire OVH) a réalisé cette opération avec moi et a également configuré Cloudflare que je ne connaissais pas à l’époque. Le tout pour une somme dérisoire, avec sourire, compétence et dans un délai d’une semaine. Lorsque l’émission a démarré, le site de la première entreprise présentée est tombé, idem pour la seconde entreprise présentée. Greenkub.fr est resté debout avec 30k visiteurs simultanés et nous avons enregistré un nombre impressionnant de leads. Cette anecdote démontre qu’il est aujourd’hui possible de faire beaucoup sans aucune ressource technique dans sa startup.
Chez appvizer, la vaste majorité de l’environnement technique a été codé ou nécessitait l’intervention de développeurs pour réaliser des actions SEO courantes. De manière très schématique, la plateforme était divisée en 2 parties :
- Le comparateur de logiciels et l’annuaire codé en Angular (Orienté fonctionnalités) ;
- Le blog conçu avec le CMS Drupal (Orienté contenu).
La lourdeur de cet environnement m’a poussé à me demander comment je pouvais tirer parti de cette complexité pour créer du revenu. Les pages produit et le comparateur ayant du mal à se positionner, j’ai imaginé un système de régie publicitaire pour que nos clients soient affichés sous forme de publicités dans nos articles dont la thématique était la même que ces logiciels. Nos articles se positionnant bien à l’époque, le succès a été total.
Aujourd’hui je lance le néo-média Spendways.com en rationalisant les efforts et les coûts dans tous les domaines. Loin d’être une contrainte, cet exercice est très stimulant. Ce site ne me coute que 67€ /mois et affiche des performances très solides ainsi que les fonctionnalités attendues sur un comparateur. Cette liste non exhaustive donne les bases de mon environnement technique :
- Hébergement sur Kinsta (spécialiste WordPress) optimisé pour mon site : 67€ /mois ;
- Accélération et sécurisation via Cloudflare : gratuit ;
- Optimisation des images (CDN, compression, redimensionnement) via Gumlet : Acheté 223€ sur Appsumo (offre a vie) ;
- Technologie Wordpress + woocommerce + autres plugins : gratuit ;
- Optimisation du cache avec WP Rocket : gratuit car déjà acheté pour un autre site ;
- Thème choisi pour ses performances réelles et ses mises à jour régulières : gratuit car déjà acheté pour un autre site.
Fig. 1. Rapport de performance GTMetrix pour spendways.com..
WordPress me permet de faire des micro-optimisations que je ne pourrais pas faire dans un environnement clé-en-main comme Shopify (comme le chargement progressif du mega menu par exemple). WordPress permet en revanche d’accéder à toutes les fonctionnalités nécessaires pour que le site atteigne son objectif rapidement et à faible coût. Cependant, mes prochains sites seront probablement réalisés avec des outils de low-code comme Webflow qui permettent de se délester de contraintes d’infrastructure, de sécurité et de qualité de code tout en bénéficiant d’un environnement professionnel (pré-production, tests, personnalisations très poussées du front, etc.). L’avenir est clairement dans des outils qui permettent d’aller loin dans la personnalisation sans ingénieurs et à peu de frais. Je ne recommande pas d’outils comme Shopify, car tous les sites conçus avec cette plateforme ont tendance à se ressembler. Or, un site qui a de la personnalité est un site dont on se souvient.
En conclusion, la technologie doit permettre d’atteindre un objectif business comme ça a été le cas chez Greenkub et ne doit surtout pas freiner la croissance, comme cela a été parfois le cas chez appvizer.
L’expérience utilisateur (UX)
L’expérience utilisateur est probablement la contrainte qui met le plus à mal le SEO. Je pense notamment au mega menu (idéal pour l’utilisateur et ennemi du SEO), les liens dans le footer, les silos sémantiques ou les pages produits sur des marchés concurrentiels. Cependant il y a des solutions à tout. L’obfuscation de liens a par exemple très bien fonctionné chez appvizer. La création de silos et cocons sémantiques via des pages Hub a également bien fonctionné pour le SEO, mais beaucoup moins pour l’UX. Avec le recul, je dirais que cela venait plus du manque d’assurance du marketing et du produit (moi). Cela a conduit à trouver une solution « tiède » qui ne convenait à personne. Aujourd’hui, je ferais différemment.
Quand le SEO et l’UX ne peuvent trouver de terrain d’entente, il faut privilégier l’expérience utilisateur, car nous construisons Internet d’abord pour les utilisateurs et ensuite pour les robots. Cela s’en ressentira sur les temps de lecture, les taux de rebond et les conversions. In fine, le référencement naturel en bénéficiera.
L’équipe
Le SEO est simple à comprendre, mais la contrepartie est qu’il exige du temps et du travail. Il est de moins en moins possible d’obtenir de bonnes performances seul au vu de l’intensité de la concurrence dans tous les domaines. Il faut donc travailler avec des professionnels très compétents, et si possible passionnés, dans tous les domaines cités précédemment.
En France, les excellents rédacteurs sont plus nombreux et moins chers que les développeurs ou les marketeurs moyens. C’est en partie pour cela que je privilégie les stratégies de contenus. Parmi les rédacteurs, je sélectionne ceux capables de produire des contenus de haut niveau et je les forme assez rapidement au SEO (contenu et structure, balise title, meta description, attributs ALT, image principale, PageFAQ, catégorisations et tags, maillage interne). Cette nouvelle dimension à leur métier déclenche systématiquement un sursaut de motivation. Je rémunère un salarié est entre le 1600€ et 2.200€ brut et un prestataire entre 10 et 12 cent /mot. Je fais en sorte que les rédacteurs aient 2 jours pour chaque article (intégration comprise) et de bonnes conditions de travail. Enfin, je permets aux rédacteurs de constater les performances de leurs articles (nombre de visites, clicks, valeur en euros) pour que nous partagions tous les mêmes objectifs.
Côté R&D, l’idéal est de travailler avec des développeurs qui ont une culture Web et non des ingénieurs logiciels. Même si le métier est identique, le fait de partager une même culture permet de réduire les frictions entre marketing et R&D.
Sur le plan marketing, j’ai apprécié travailler avec des profils très techniques, car ils sont naturellement concentrés sur la performance des actions et ne sont jamais dogmatiques. Il faut cependant joindre à cette équipe des personnes très créatives et leur donner de la place pour s’exprimer. Cette créativité a largement contribué aux excellents taux de conversion chez Greenkub par exemple.
Sur le plan managérial, le SEO se révèle être un vecteur de motivation exceptionnel. Un rédacteur qui voit son article se positionner dans le top 3, ou un développeur qui constate la montée en puissance de la plateforme qu’il a développé se sentent pousser des ailes. Le SEO a cet effet que les autres leviers d’acquisition n’ont pas, car il donne le sentiment que c’est la qualité d’un travail unique et personnel qui est récompensé.
Les résultats obtenus
Quelques succès obtenus
Stratégie du « meilleur contenu »
La croissance du trafic organique chez Greenkub (schéma ci-dessous) est constante grâce à une publication régulière de contenus de bonne qualité, positionnés sur des requêtes choisies et qui prennent en compte l’intention de l’internaute :
Fig. 2. Trafic organique multiplié par 4,7 en 1 an sur greenkub.fr. Le pic de Mai est dû à un passage TV. Mise en production du nouveau site le 1er Avril 2019. Données Google Analytics.
La nouvelle mouture du site web n’a pas franchement amélioré les positions à son lancement, mais a permis aux nouveaux contenus de se positionner rapidement. Ces nouveaux contenus sont allés chercher de nouvelles requêtes non exploitées jusqu’alors. Point important : ce trafic est très qualitatif, car seules les requêtes facilement valorisables étaient exploitées début 2020. Greenkub dispose donc d’une réserve de trafic organique pour les années à venir.
Nous constatons également que la visibilité de la marque sur le search a littéralement explosé en moins d’un an. Cette visibilité est vertueuse pour le trafic direct, la notoriété de la maque, et même pour le reach des publicités payantes :
Fig. 3. Indice de visibilité multiplié par 10 sur les 12 derniers mois pour greenkub.fr. Données Sistrix.
Dans un environnement beaucoup plus concurrentiel, appvizer a également bénéficié d’une croissance exponentielle dès que la stratégie de contenus a été amorcée en 2016.
Fig. 4. Indice de visibilité multiplié par 9,5 en 3 ans pour appvizer.fr. La ligne verticale grise marque le jour de mon départ en tant que responsable des opérations. Données Sistrix.
La croissance a continué pendant quelques mois après mon départ. N’ayant plus de responsabilité dans les choix stratégiques depuis Décembre 2018, la brusque baisse survenue un an plus tard ne fera pas l’objet d’une analyse de ma part. Elle permet cependant de se représenter la puissance d’un choc SEO.
Stratégie du « passager clandestin »
Cette stratégie consiste à se positionner sur une requête hors sujet, mais avec une audience pertinente car potentiellement cliente de son produit (catégorie 1 dans la cible - pour les différentes catégories de mots clés évoquées ici, voir l'article du mois dernier). Ici, Greenkub se positionne sur un concept particulier de maison en bois assez éloigné du concept de studio de jardin :
Fig. 5. 20.000 vues cumulées en un an sur une requête de catégorie 1. Données Google Analytics.
Dans ce cas, Greenkub propose un contenu d’information afin de rendre sa marque plus visible auprès d’une cible de consommateurs qui l’intéresse. On remarque que lorsque M6 s’est intéressée à ce concept lors d’un reportage le 22 Mars 2020, Greenkub a bénéficié d’une forte exposition.
Stratégie du détournement de trafic
Cette stratégie est tout aussi opportuniste que la précédente. Il s’agit de se positionner sur un concept directement concurrent. Dans l’exemple de CandyAlpha (bonbons à base d’aspartame), il s’agirait de se positionner sur la requête « bonbons bio » bien plus populaire que « bonbons aspartame ». Voici le type de résultat obtenu :
Fig. 6. 360.000 vues cumulées en un an sur une famille de requêtes de catégorie 3. Données Google Analytics.
Les pics de trafic sont également dus aux différents reportages TV/radio qui se sont intéressés à ce concept dont Greenkub a directement profité. Plus que de la notoriété, la proximité du concept avec celui de Greenkub permet d’influencer l’achat du consommateur comme le ferait un vendeur dans un magasin.
Stratégie d’influence
Ici, il s’agit de rencontrer l’audience lorsque son besoin est exprimé, mais que la décision d’achat est en cours de maturation (requête de catégorie 4 dans la cible). Afin d’éviter que le consommateur se tourne vers les bonbons bio, nous lui proposons un article pour lui signifier que les bonbons à l’aspartame sont au moins aussi bien :
Fig. 7. 23.000 vues cumulées en un an sur une requête de catégorie 4. Données Google Analytics.
Bien que les volumes ne soient pas immenses, il est primordial que Greenkub soit positionné sur cette requête pour informer les consommateurs de toutes les possibilités à leur disposition.
La rentabilité
Le coût d’acquisition client (CAC) a été divisé par 2 chez Greenkub en grande partie grâce au SEO. Cette baisse de coût impressionnante a grandement contribué à l’amélioration des marges sur chaque produit vendu et à la bascule vers la rentabilité de la startup. Quand je suis arrivé en Mars 2019, le produit avait fait sa preuve de marché grâce aux canaux d’acquisition payant. Le SEO a permis de générer des volumes importants de leads d’excellente qualité et à faibles coûts ce qui a fluidifié l’intégralité du tunnel de vente.
Fig. 8. Le CAC est passé de 3900€ à 1900€. Source interne Greenkub.
Chez appvizer, c’est tout simplement l’existence même de la plateforme qui n’aurait pu être possible sans le SEO. Le modèle économique a reposé sur la qualification et la revente de ce trafic aux éditeurs de logiciels. Leur satisfaction a été telle, que nous pouvions facturer 4€ ou plus par click ainsi que des publireportages sur le blog. Cette mécanique a permis d’aboutir à la rentabilité avant mon départ le 31 Décembre 2018.
Quelques échecs
Dépendance au trafic organique
Nous l’avons vu plus haut, appvizer reposait à 90% sur un trafic organique, car :
- Les publicités sur Google et Linkedin n’étaient pas rentables ;
- Le retargeting, Facebook Ads et les autres canaux n’étaient pas pertinents ;
- Le référencement naturel permettait de monétiser notre trafic.
Pour réduire la dépendance au trafic organique, nous aurions dû chercher de la croissance sur YouTube plut tôt ou améliorer la plateforme pour qu’elle puisse rendre un meilleur service à ses utilisateurs. La première option a l’avantage de répliquer le même métier sur un autre canal dont l’audience est croissante. La seconde option aurait permis de développer le trafic direct et donc de s’astreindre de tout canal d’acquisition. Le meilleur exemple pour illustrer la seconde option est le site Veepee (ex Vente Privée) dont le trafic est quasiment exclusivement direct.
Voici 4 inconvénients d’une telle dépendance dans un milieu très concurrentiel comme celui d’appvizer :
- Tous les contenus doivent être régulièrement mis à jour ;
- La croissance plafonne vite ;
- Les contenus texte qui se positionnent le mieux sont les moins actionnables (comprendre qu’il est compliqué de convertir l’audience en cliqueurs) ;
- Tout peut se terminer du jour au lendemain.
Réseau de sites toxique
Comme beaucoup de plateformes à forte audience qui souhaitent se développer dans un univers concurrentiel, nous avons acheté un réseau de site (PBN) à une agence connue. La livraison était de très mauvaise qualité (Whois visible et identique pour tous les sites par exemple).
Le coût d’un tel réseau et le risque qu’il fait peser éternellement sur un site sont tels que je ne solliciterai plus un tel service. Pour une fraction du prix, il est possible d’acheter de très bons contenus ainsi que des liens qualitatifs. Lorsque nous avons récupéré le réseau sur nos serveurs, tous les sites ont été « nettoyés » pour réduire le risque de pénalité de Google, ajoutant un surcout non négligeable à l’opération.
Mauvais choix technologies
En tant que responsable produit puis responsable des opérations chez appvizer, j’ai commis l’erreur de laisser s’installer des technologiques lourdes et peu génératrices de valeur, soit par confiance envers les responsables techniques, soit par crainte de paraître arrogant et non légitime.
Au final, je pense que des technologies plus légères auraient induit moins de consommation de trésorerie, plus de croissance et un meilleur service rendu aux utilisateurs. Cela aurait aussi permis aux ingénieurs de travailler sur des points techniques à forte valeur ajoutée (et donc plus motivants pour eux).
Appvizer a été lancé en 2015 en Angular JS (ancêtre d’Angular). Ceux qui connaissent cette technologie savent que Google n’a rien vu de notre contenu jusqu’à ce que nous trouvions toute une série de parades. Pourtant, tous les ingénieurs nous certifiaient qu’il n’y avait aucun problème avec cette technologie.
Les développeurs veulent travailler sur des technologies qu’ils aiment, pas celles dont l’entreprise a besoin pour réussir. Un Directeur Technique compétent est donc extrêmement important pour faire le lien entre technologie et objectifs business.
Expérience utilisateur dégradée
Je dégrade régulièrement l’UX de mes sites pour arranger le confort des robots de Google. Cependant je le fais de moins en moins, car j’ai appris à trouver des parades plutôt que de faire des compromis. Mon expérience m’a permis de comprendre que créer des pages artificielles est bien moins efficace que de créer des contenus d’exception.
Ce qui est certain, c’est que contrairement à un utilisateur, le robot revient même s’il a été déçu.
Noindex total
Ce dernier échec est pour ainsi dire une anecdote. La nouvelle mouture de greenkub.fr apportait un réel plus au SEO grâce à ses performances, sa nouvelle structure sémantique, les micro-données, etc. Bien évidemment, j’avais prévu des redirections pour toutes les anciennes URL vers les nouvelles. Lorsque je l’ai mis en production, j’ai tout simplement laissé la balise noindex sur l’intégralité du nouveau site qui me servait à prévenir l’indexation du nouveau contenu sur de mauvaises URLs. Le pire est probablement que j’ai cherché à comprendre pourquoi mes positions dégringolaient… pendant 5 jours. Quelques sueurs froides et quelques jours plus tard, tout est revenu en ordre.
À l’époque du lancement d’appvizer, l’équipe technique a également commis cette erreur. Cette mauvaise manipulation est donc devenue une sorte de tradition pour le lancement d’un site. Cela permet de rester humble.
Je ne saurais trop recommander de réaliser plusieurs séries de tests avant et après une mise en production.
Conclusion : démarrer de zéro en 2020
Avant de lancer mes nouveaux sites sur des secteurs concurrentiels, je me suis demandé si j’allais pouvoir percer en partant littéralement de zéro avec la création d’un nouveau domaine. Nous aurons la réponse dans quelques mois, mais je pense avoir une bonne chance d’y arriver.
Voici mes points faibles :
- Faible connaissance du métier ;
- Peu de liens entrants ;
- Aucun historique.
Et maintenant, voici comment je donne les chances à ces sites de fonctionner malgré leurs points faibles :
- Rendre un meilleur service que la concurrence ;
Pour Spendways, il s’agit de proposer un meilleur système de comparaison de l’offre bancaire ; - Concevoir une UX d’abord pour les mobiles ;
- Publier de meilleurs articles. C’est le point où la concurrence est la plus forte ;
- Intégrer progressivement toutes les bonnes pratiques SEO ;
- Mixer le SEO avec d’autres leviers d’acquisition complémentaires. En l’occurrence Instagram ;
- Acheter uniquement des liens de qualité pour maintenir un Trust Flow élevé ;
- Mettre à jour quotidiennement les contenus ;
- Faire monter en puissance la marque pour bénéficier de trafic direct ;
- Compresser tous les coûts et n’investir massivement que dans le marketing ;
- Capter les nouvelles tendances du marché qui échappent aux concurrents. Dans le cas de spendways, il s’agit d’intégrer le fait que la carte bancaire fait maintenant partie du style de vie des consommateurs, alors qu’elle n’était qu’un moyen de paiement non considéré auparavant ;
- Utiliser les campagnes de relation presse pour élargir la demande sur les moyens de paiement et faire monter en puissance la marque ;
- Varier les sources de revenus pour maximiser le CA par visiteur.
L’absence d’autorité sera compensée par une qualité globale générale plus importante. Il est certain que les contenus du site mettront plus de temps à se positionner que mes concurrents la première année, mais ça ne sera que temporaire. Le modèle économique permet de démarrer avec de l’acquisition payante puis les marges seront augmentées progressivement grâce au SEO.
Fabien Paupier, éditeur du média Spendways, https://www.spendways.com/fr/. Il aide les particuliers et les professionnels à trouver de meilleurs moyens de paiement pour gérer leurs dépenses. Il a également été co-fondateur du comparateur de logiciels appvizer en tant que Directeur des Opérations et VP Marketing chez Greenkub (concepteur de studios de jardin).