La création de votre marque est une étape essentielle dans l'élaboration de votre visibilité professionnelle, générale et numérique. Depuis quelque années (ou décennies désormais), le Web doit absolument être pris en compte pour ne pas avoir de surprises parfois douloureuses par la suite, et sur lesquelles il sera difficile de revenir. Et quand on parle de Web, on parle bien sûr également de SEO. Voici donc quelques points-clés à prendre en compte pour parfaire la prise en compte de votre future marque par les moteurs de recherche.
La création d’une marque est une étape-clé de la vie d’une entreprise, d’un produit ou d’un organisme. Mais comment faire pour intégrer la notion de référencement naturel / SEO lors de cette phase ?
Nous allons voir ici qu’il existe de nombreux points à contrôler pour créer une marque qui soit naturellement SEO Friendly.
La légalité
Le premier point à contrôler est la légalité. Et attention sur cet aspect, par défaut c’est un élément à vérifier lors de toute création de marque (que l’on veuille ou non y intégrer des aspects liés au référencement naturel). En effet, lorsque l’on créer une société ou un produit, il faut bien entendu vérifier que le nom et/ou le logo n’ont pas déjà été déposés par d'autres entreprises ou organismes. En règle générale, on fait cela :
- Sur le site de l’INPI pour la France : https://www.inpi.fr/;
- Sur le site de l’office de l’union européenne pour la protection intellectuelle pour l’Europe : https://euipo.europa.eu/ohimportal/fr/;
- Sur le site de l’OMPI pour une marque internationale : https://www.wipo.int/portal/fr/.
Mais d’un point de vue SEO, il faut aller plus loin. Il existe une autre problématique légale : les sites web qui utilisent un nom ou un logo non déposé auprès d’un organisme, mais pour lesquels vous aurez deux points de blocage :
- Même s’ils n’ont pas déposés ces éléments, l’antériorité de leur utilisation pourrait se retourner contre vous d’un point de vue légal ;
- Vous allez entrer en concurrence sur la visibilité du nom ou du logo (ce que nous verrons au point suivant).
Il est donc fortement recommandé de prendre le temps de vérifier qu’aucune marque ou logo proche de celui que vous envisagez n’existe avant de déposer sa marque. Utilisez pour cela les différents moteurs de recherche présents sur les sites précédemment cités. Utilisez aussi des sites comme societe.com (https://www.societe.com/) ou InfoGreffe (https://www.infogreffe.com/), et bien entendu faites des recherches sur le nom de la marque dans les moteurs de recherche.
Être trouvé plus facilement
La problématique
C’est un point très basique à comprendre : si l’on choisit une marque, la première étape en SEO est de se positionner lorsqu'un internaute la tapera sur un moteur de recherche. C’est d’ailleurs très souvent naturel, notre propre site va obtenir relativement rapidement de la visibilité sur son propre nom, souvent sans action particulière. Mais cela ne fonctionne qu’à une condition : le terme choisit ne doit pas être identique ou proche d’un autre existant. Prenons plusieurs exemples :
Le site d’abondance d’Olivier Andrieu est dédié au référencement naturel. Il entre cependant en concurrence directe sur son nom par rapport à la ville d’Abondance et au terme générique « abondance » (même si, bien sûr, la concurrence n'est pas frontale puisque les différents sites affichés traitent de thématiques qui n'ont rien à voir les unes avec les autres) :
Quatre résultats sur « Abondance » pour 3 besoins très différents.
Second exemple, la marque de voyage « Kayak », qui va entrer en concurrence avec le terme générique « Kayak » (le bateau), mais aussi avec les îles Kayak.
Les résultats sur le terme « Kayak ».
Et on peut faire le même test aussi très facilement sur n’importe quel acronyme, par exemple en tapant au hasard certaines lettres :
Un test au hasard sur « Asco » avec des résultats sur de l’automatisation, de la gestion de projet et une commune.
Cherchez les noms de marque
En d’autres termes, vous devez impérativement faire des recherches sur Google pour vérifier qu’aucun site n’utilise déjà ce nom (ce qui rejoint le point légal cité auparavant).
De même, refaites la même opération avec des variantes proches et/ou des fautes d’orthographes pour être sûr que rien ne vous a échappé.
Attention aux visuels
Ce point-là est à l’inverse très souvent oublié. Il ne suffit pas de vérifier le nom de la marque et ses variantes, il faudra faire de même sur le logo que vous souhaitez déposer. L’idée ici est :
- De faciliter la création de votre image de marque (si aucun logo ne ressemble au vôtre, il sera plus à même de rester imprimé dans l’esprit des gens) ;
- D’avoir un référencement plus rapide de votre marque dans Google Images ;
- D’éviter des risques judiciaires où une autre société vous attaquerait, par exemple pour plagiat.
Pour cela, il faut faire une recherche par image et non par terme. Voici deux méthodes pour y parvenir.
Google Image
Utilisez la recherche inversée sur Google Image. Pour cela, allez sur l’onglet dédié ici https://www.google.fr/imghp?hl=fr, puis cliquez ensuite sur le pictogramme en forme d’appareil photo pour activer la recherche inversée (ou glissez/déposez directement votre visuel dans le champ de recherche).
Activez la recherche inversée de Google Images
Et voici ce que cela peut donner sur un logo en forme de tête de lion :
De nombreuses images similaires sont détectées pour ce logo.
Des services dédiés
Il existe également des services dédiés pour faire ce type de recherche, avec souvent d’ailleurs une plus grande finesse dans l’analyse. On peut notamment citer TinEye qui fait exactement cela : https://tineye.com/
La même recherche avec l’outil en ligne TinEye.
Le nom de marque et son nom de domaine
L’étape suivante lors d’une création de marque optimisée SEO est le choix et la disponibilité des noms de domaines. Dans les étapes précédentes, on s’est assuré de ne pas avoir de marque portant le même nom. Mais même si c’est le cas, cela ne veut pas dire pour autant que les noms de domaines sont disponibles.
Là encore, il faudra vérifier que votre future adresse web principale ne soit pas déjà réservée. Il suffit de se rendre sur le site de n’importe quel hébergeur ou registrar pour le vérifier, comme ici sur Infomaniak : https://www.infomaniak.com/fr
Désolé, le nom de domaine abondance.com est déjà réservé. 😉
Répétez ensuite l’opération ensuite pour les différents Top Level Domains qui vous intéressent, ou qui pourraient vous intéresser dans le futur. Un Top Level Domain est l’extension qui s’ajoute à la fin du nom de domaine, par exemple :
- .fr ;
- .com ;
- .de ;
- .net ;
D’ailleurs, même si vous ne ciblez qu’un seul pays ou une seule langue actuellement, ayez toujours une vision sur le long terme de cette problématique.
N’oubliez pas de le faire ensuite sur les fautes d’orthographes et sur les accents. Si l’on prend le premier cas, Google a réservé par exemple gooogle.com (avec 3 fois la lettre o) pour éviter que l’on ne squatte sa marque. Autre exemple, la société Materiel.net dont le nom de domaine historique est https://www.materiel.net, mais dont la variante avec accent (https://www.matériel.net) avait été squattée pendant plusieurs années.
Une marque qui aide le marketing
Une fois ces considérations prises en compte, le choix du nom peut influencer le référencement naturel, tout comme cela peut avoir un impact sur l’image de marque.
Tout d’abord, pour rejoindre ce qui a été dit sur la partie légalité, un nom clair et distinct de ceux qui existent facilitent grandement l’amélioration de la notoriété : on facilite l’apprentissage de la marque, et donc la fidélisation client. Rien n’est plus frustrant pour un individu que de ne plus réussir à retenir, écrire ou épeler une marque.
Ensuite, un nom simple (à écrire comme à prononcer) aidera l’internaute à accéder à votre site, à retenir son appellation et donc à faciliter la création de liens vers votre site web. De façon indirecte, un nom explicite et fort va donc aider le travail de création de liens (même s’il faut rester honnête : l'impact sera très faible et sur le long terme).
L’analyse SEO influe sur votre marque
N’oublions pas non plus un point clé : une bonne stratégie de référencement naturel passe avant tout par un audit de son secteur d’activité et de sa concurrence.
Trop souvent, ce point-là est abordé après la création du site web, donc bien après la création de la marque. Et pourtant, l’audit SEO permet de mieux comprendre certains éléments-clés qui vont influencer la stratégie, la communication, et donc aussi le choix du nom de marque, de son logo, des couleurs et de la typographie. Un audit SEO permet en effet de comprendre :
- Quels sont les produits/services porteurs ;
- Comment le marché évolue ;
- Quels sont les besoins réels des prospects ;
- Qui sont mes concurrents, et quel est leur positionnement ;
- Etc.
En faisant cet audit en tout premier, on gardera ces différents éléments en tête à chaque étape de la création de la marque, de la société, puis de son offre et de son site. Cela facilite alors grandement la création d’une vraie stratégie marketing efficace, et donc le référencement naturel qui va avec.
Les exacts match domains
Autre solution pour créer une marque SEO : ne pas opter pour un nom réel mais pour un terme générique représentant le cœur de votre activité. Si l’on reprend les exemples précédents, le site materiel.net est justement dans ce cas de figure. C’est ce qu’on appelle un Exact Match Domain (un « EMD »), c’est-à-dire que le terme principal de leur activité est présent dans leur nom de domaine (et en plus dans leur marque).
En SEO, le gros avantage de ce procédé est de faciliter le positionnement sur les expressions correspondantes, à la fois car cela force à réutiliser l’expression dans son propre contenu (logo, pied de page, mentions légales, page « à propos »), mais aussi car les liens bruts qui seraient créés avec une simple URL ou le nom du site vont forcément intégrer le terme ciblé (c'est d'ailleurs le principal avantage de ce type de nommage). On maximise ainsi son potentiel SEO.
Mais attention, cette technique a plusieurs défauts qu’il faut bien garder en tête si vous optez pour cette stratégie :
- Il sera plus difficile de créer une vraie image de marque car votre nom est « générique » ;
- Il augmente légèrement le risque de pénalité pour sur-optimisation. Il faudra donc être plus vigilant sur les autres critères SEO pour contrebalancer cet aspect négatif ;
- Il fait encourir aussi des risques juridiques. En 2011 par exemple, la société Saveurs Bières a été condamnée en justice pour utilisation d‘un nom de domaine beaucoup trop proche de celui de leur concurrent (et donc pour concurrence déloyale). Ils utilisaient en effet le domaine selectionbiere.com sans tiret face à leur concurrent de l’époque selection-biere.com (avec tiret). Source.
Une marque basée sur un nom existant
On peut aussi avoir une démarche inverse : chercher un nom de domaine disponible puis créer sa marque dessus. On utilisera alors un nom de domaine expiré ayant déjà acquis de la notoriété dans le passé pour bâtir ensuite sa société et son offre (en gardant en tête que les points précédents sont toujours valables et doivent être appliqués).
Le principe est simple. Il faut trouver un nom de domaine pertinent, ce qui signifie :
- Un nom de domaine expiré, c’est-à-dire que vous pouvez le reprendre en votre nom ;
- Un nom de domaine qui n’utilise pas un nom déjà déposé d’un point de vue légal, et qui n’est pas trop proche d’un nom de domaine ou d’un nom de marque déjà existant ;
- Un nom de domaine ayant un minimum de popularité. Grâce à des outils comme Majestic SEO, on regardera ainsi :
- le nombre de liens ;
- le nombre de domaines référents ;
- La thématique de ces domaines ;
- Les ancres utilisées ;
- le Citation Flow et le Trust Flow ;
- La thématique de l’ancien domaine que l’on veut reprendre (idéalement, il faudrait que vous soyez dans le même secteur d’activité) ;
- Le nombre de pages qui étaient indexées ou non, et qui se positionnaient dans les moteurs de recherche (on utilisera alors un outil comme SemRush) ;
- On fera aussi attention à plusieurs points complémentaires :
- Est-ce que le domaine n’est pas blacklisté par Google ?
- Est-ce que ce nom de domaine n’a pas été piraté (et donc est-il classé dangereux par les différents antivirus) ?
- Quel était le contenu qui était présent sur ce site ?
Pour faire cela, vous pouvez utiliser les outils suivants :
- Pour mesurer les liens : Majestic SEO https://fr.majestic.com/;
- Pour l’historique SEO : SemRush https://fr.semrush.com/;
- Pour voir les anciens contenus : WayBackArchive https://web.archive.org/;
- Pour les virus :
- Pour les pénalités Google, c’est plus complexe. L’idéal est de réserver le nom de domaine, puis d’inscrire le site dans la Search Console pour voir les données qui pourraient s’afficher, notamment dans le menu « Sécurité et actions manuelles ».
Prenons un exemple actif actuellement : l’ancien site de campagne de Marine Le Pen marine2017.fr. Pendant de longs mois, le nom de domaine avait été conservé mais son contenu remplacé intégralement. Depuis, une vraie marque a été créée et le nom de domaine est désormais redirigé vers cette dernière : https://consolab.fr/. Le nom de domaine marine2017.fr expiré à l’époque continue de bénéficier des très nombreux liens obtenus sur des sites de presse pendant la précédente campagne présidentielle.
Les backlinks encore existants vers l’ancien nom de domaine
Utiliser une « marque » à des fins SEO
Enfin, dernière approche possible en référencement naturel : créer d’autres marques, mêmes fictives, pour améliorer la visibilité de sa société ou de ses produits. Ici on rejoint un principe de base de la communication : réussir à faire parler de soi, ce qui entraîne mécaniquement la création de liens vers votre nom de domaine principal.
Prenons là encore deux exemples pour comprendre de quoi il s’agit. D’abord, le concept de « MonBeauBricoleur ». Il s’agit d’un faux site qui indiquait recruter uniquement de beaux et jeunes hommes pour venir faire les travaux chez vous. En d’autres termes, pouvoir se rincer l’œil tout en effectuant la prestation.
Une façon détournée d’utiliser les marques pour gagner en référencement naturel : un faux concurrent.
En réalité, aucune société « Mon Beau Bricoleur » n’existait, mais cela a permis par ricochet de faire connaître la vraie marque derrière Bricool (source).
Second exemple, ZenDesk, une société qui édite une solution de relation client. En faisant des analyses SEO, ils se sont rendu compte que certains internautes recherchaient l’expression « ZenDesk Alternative » pour rechercher des concurrents à leurs outils. Ils ont donc créé un groupe de musique fictif baptisé « ZenDesk Alternative » : http://zendeskalternative.com/ (la vidéo sur le site, si vous êtes à l’aise en anglais, est assez marrante et décalée).
Un faux site pour se positionner sur une requête précise
Il faut donc « juste » trouver la bonne idée qui fera mouche.
Conclusion
Vous l’aurez compris : on peut toujours créer une marque sans penser au référencement naturel. Mais on se prive alors de réelles opportunités qui auraient permis de mieux la développer sur le long terme.
Il donc penser au SEO au tout début. Démarrez par un audit de votre marché pour mieux le comprendre, et ce n’est qu’ensuite que vous pourrez résoudre les autres problématiques qui en découlent :
- Le choix des noms de domaine ;
- La stratégie webmarketing ;
- La légalité ;
- L’utilisation ou non d’un EMD ;
- L’utilisation ou non d’un nom de domaine expiré ;
- La création de marques secondaires ou fictives ;
- Etc.
De la même façon, pensez à répéter l’opération autant de fois que nécessaire, c’est-à-dire lors de la création d’une marque, mais aussi pour la création de chacun de vos produits, services ou innovations.
Daniel Roch, consultant WordPress, Référencement et Webmarketing chez SeoMix (https://www.seomix.fr)