La production de contenus fait partie des tâches les plus récurrentes et les plus importantes dans un projet SEO. Si l’on dit régulièrement que le contenu est roi, il est aussi payé aux pièces. Le plus souvent, c’est le prix au mot qui est présenté par les prestataires et les clients. La longueur du texte est donc rapidement devenue une unité de mesure, autant pour la facturation que pour la stratégie mise en place. La raison est simple : elle a l’avantage de facilement représenter la charge de travail (budget) allouée à un projet. Au point que certains référenceurs n’hésitent pas à parler d’une quantité minimale de mots pour atteindre leurs objectifs de positionnement. Mais quel est l’envers du décor ? Et quelles sont les alternatives au paiement au mot ?

Vue d’ensemble : les avantages et les inconvénients du paiement au mot

Résumons dans un tableau (non exhaustif) les avantages et les inconvénients d’une facturation des textes pour le SEO en se basant sur le nombre de mots :

Avantages

Inconvénients

• Une unité de mesure facile à comprendre ;

• Devenu la norme dans le secteur ;

• Facilité de comparaison entre différents prestataires ;

• Indication du niveau de développement d’un sujet (bref, approfondi, dossier, etc.) ;

• Canalise le rédacteur pour gagner en efficacité lorsqu’il respecte le nombre de mots demandé en brief ;

• Impression pour le client « d’en avoir pour son argent ».

• Une facturation parfois compliquée, au centime près ;

• Course aux mots qui alourdit parfois l’ensemble (excès de « stop words ») ;

• Mauvaise représentation du travail nécessaire pour la finalisation d’un contenu (exemple : temps d’acculturation et de recherche variables) ;

• Manque de clarté lors de comparaison entre différents prestataires (gestion de projet incluse ?) ;

• KPI SEO peut-être désuet si l’on se fonde sur la notion de densité sémantique (méthode TF-IDF, mesure de pertinence pondérée).

Un modèle particulièrement pratique pour le commanditaire

Les avantages du paiement au mot semblent plutôt en faveur du client. Il suffit de noter quel budget on attribue, puis de faire quelques calculs simples afin d’estimer le coût d’un contenu. C’est une méthode concrète pour comptabiliser le budget nécessaire pour la réalisation d’un projet.

De nombreuses agences se servent directement du prix au mot pour la réalisation des devis, et n’hésitent pas à afficher publiquement leurs grilles tarifaires.

Extrait des tarifs de l’entreprise TextMaster, plateforme de commande de contenus.

 

Une structure souhaitant estimer les budgets de son projet éditorial acquiert en autonomie pour l’estimation du coût final, modulo des options personnalisées qui pourraient être demandées au prestataire. D’un point de vue gestion de projet, le prix que l’on voudra bien dépenser au mot pour de la rédaction de texte est particulièrement représentatif de l’importance que l’on accorde à ce levier.

Ainsi, une tarification plus basse peut être choisie pour des contenus très descriptifs qui ne demandent pas un niveau d’expertise approfondi, ou un copywriting prononcé. Parallèlement, la création de Landing Pages, un contenu spécifique qui véhicule de l’image de marque, fait généralement l’objet de budgets plus importants. La méthode d’ajustement de l’enveloppe attribuée pour un mot dépend donc des enjeux du projet dans son ensemble. Le facteur de décision ne se limite pas uniquement au prix lui-même. C’est comme choisir entre un gâteau industriel réalisé en grande quantité et vendu en supermarché, par rapport à une pièce réalisée sur-mesure par un pâtissier indépendant. Les motivations vous faisant opter pour l’un ou pour l’autre vous appartiennent.

Un outil pour les rédacteurs

Du côté des rédacteurs, le calibrage de la taille d’un contenu par son nombre de mots donne une indication sur le niveau de développement demandé. Une personne expérimentée identifie immédiatement si elle est en mesure d’exposer plusieurs axes, ou au contraire, si elle doit se borner à un angle très précis.

D’un point de vue entrepreneurial, on peut se demander si l’on vend un service (la rédaction) ou un produit (le mot). En conditionnant ainsi la mission, les prestataires se donnent des objectifs de nombre de mots vendus. On considère alors rapidement l’atteinte de ses objectifs de croissance en nombre de mots produits pour réaliser un chiffre d’affaires. Adopter un mode de fonctionnement unique pour un seul service peut rapidement revenir à mettre tous ses oeufs dans le même panier. Et ce n’est pas forcément une bonne idée.

Les effets pervers de la facturation au mot sur les performances SEO

Les textes créés pour le SEO souffrent malheureusement parfois d’une mauvaise réputation. La question de la qualité est sur toutes les langues, chacun plaçant ses critères selon ses propres biais, et cela sans toujours réaliser que nous n’avons pas tous les mêmes objectifs. Un contenu qualitatif est-il celui qui rapporte le scoop de l’année, ou celui qui permet d’atteindre les performances SEO visées ?

D’un point de vue marketing, pourvu que le contenu écrit apporte ce pour quoi on le réalise, n’est-ce pas le plus important ?

Si nous nous concentrons sur l’idée du paiement au mot, cette dernière a parfois un effet pervers direct sur la qualité objective des textes : une expérience utilisateur dévalorisée, des indicateurs SEO qui ne sont pas au beau fixe.

Éditorial : Le paiement au mot encourage la logorrhée et l’accumulation de mots vides (stop words). Ce ne sont pas des termes qui apportent de la richesse sémantique. Ils diluent même la pertinence du contenu. Il s’agit littéralement de broder autour d’un sujet.

SEO : L’optimisation d’un contenu ne se limite pas à la présence de certains mots-clés. Elle s’étend à la façon dont les sujets sont traités. Plus le texte est pertinent, plus les termes spécifiques doivent être nombreux. On parle de densité sémantique. Cela signifie qu’un texte très riche en jargon n’est pas nécessairement long. En conséquence, certains textes de très bonne qualité, tant pour l’internaute que pour le référencement, sont lésés par la rémunération au mot.

Une unité de mesure comme une autre, mais que prend-elle en compte ?

Acheter un texte ou déterminer son prix selon sa longueur apporte une vision restreinte de la profession de rédacteur. Outre le fait même de rédiger, comme pour tout métier, un ensemble de tâches est nécessaire avant la livraison. Contrairement aux légumes que l’on achèterait au poids, l’absence de labels comme « bio » ou « made in France » fait qu’il y a peu d’indices pour faire la différence entre un texte et un autre en phase de devis.

Mesurer le prix au nombre de mots rend la valeur du texte dépendante de sa longueur. Or nous avons analysé plus tôt que qualité et quantité de mots ne font pas forcément la paire.

Ainsi, prendre la longueur du texte comme seul indicateur (« un texte doit faire 500 mots au minimum pour ranker ») crée un paravent derrière lequel se cachent de très nombreux facteurs de qualité : cohérence avec l’intention de recherche, autorité des sources, richesse sémantique, valeur ajoutée du propos, prestige de l’auteur, copywriting, prise en compte du wireframe pour une bonne expérience, etc. La liste est longue !

Une réalité sociale : le tarif au mot conditionne les revenus d’une grande partie des professionnels de la rédaction Web

Dans une profession composée d’une part non négligeable de freelances,  le coût du mot détermine immédiatement les revenus du rédacteur. La dépendance au nombre de mots pour assurer sa qualité de vie rend encore plus prégnante la nécessité d’écrire en grande quantité. Cela implique d’être très verbeux. La langue française étant naturellement composée de beaucoup de mots vides, une longue phrase composée de circonlocutions est valorisée par le paiement au mot. La production devient également une chaîne de réception de briefs et de livraisons. Le niveau de concentration diminue.

Oui, une partie des rédacteurs SEO écrivent de façon lourde et rébarbative, mais ont-ils le choix ? Maintenant, et si nous leur laissions le temps et les moyens de faire autrement ? Affaire à suivre.

Quelles alternatives à la facturation au mot ?

La facturation au mot n’est pas la source de tous les maux. Elle mérite d’être considérée pour son aspect pratique et sa simplicité d’appréhension par les non-initiés. Une personne qui ne connaît pas bien le domaine de l’éditorial, et encore moins la rédaction Web, trouvera facilement ses repères. Cependant, elle a le réel défaut de fournir une vision trop partielle d’un métier complexe et surtout aux multiples facettes.

Parmi les alternatives,  d’autres unités de mesure existent :

  • paiement au feuillet (nombre de caractères ; exemple : au feuillet de 1 500 signes),
  • honoraires à l’heure ou à la journée,
  • forfait à la page.

Dans tous les cas, déterminer un autre type de tarif demande une bonne connaissance et compréhension de l’ensemble des coûts qui composent la rédaction d’un texte. Ce prix, pour être accepté, doit être compris par le client. Ainsi un contenu copywrité pour optimiser la conversion et placé en haut d’une Landing Page à fort trafic, ne peut coûter la même chose qu’un encart en footer conçu principalement pour le SEO. Ces deux types de travaux se complètent, mais ne doivent pas être facturés au même prix. Et cela, même s’ils font exactement le même nombre de mots.

Parmi les autres facteurs importants, il faut tenir compte du temps passé en gestion de projet. La prise de brief, la création des briefs et les potentiels allers et retours sont consommateurs de temps. De la même manière, la disponibilité et le temps de réactivité (prise en charge en urgence, priorisation, etc.) doivent influencer le coût du texte.

Le mot de la fin

Le paiement au mot n’est pas la panacée de la rédaction Web, mais ce n’est pas son ennemi numéro 1 non plus. Prendre en compte le nombre de mots, donc la longueur d’un texte, reste un critère très intéressant. Le sujet devient problématique lorsqu’il devient le seul critère pour considérer la qualité d’un texte, le savoir-faire d’un professionnel et son positionnement sur un marché aux expertises si diverses. À ce sujet, il reste selon nous un chemin à parcourir...

 

Syphaïwong Bay, Consultante Web Éditorial, SEO et Content Marketing  Assonance.net.